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N° 7 — 19 JUILLET 1873
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LA NATURE.

L’EXPÉDITION DU CHALLENGER
ET LES SONDAGES OCÉANIQUES.

Les explorations sous-marines confiées aux soins d’un certain nombre de savants anglais par l’association britannique, ont déjà fourni à la science, de nouveaux et précieux documents.

Le Challenger continue son voyage autour du monde, jetant partout, à la surface de toutes les mers, sa sonde ou ses filets[1]. Ce navire a récemment quitté New-York, après avoir accompli la première partie de son vaste programme d’expérience ; nous l’accompagnerons de nos vœux, dans sa belle croisade scientifique, et nous voulons, dès aujourd’hui, dire quelques mots de sa campagne, depuis son départ de Portsmouth jusqu’à sa première étape.

Le laboratoire du Challenger.

Le Challenger est une corvette à faux pont de 2 000 tonnes, dont la construction est parfaitement appropriée au but qu’elle doit poursuivre. On a retiré 16 canons de son armement et son embelle est transformée en un véritable établissement scientifique. La cabine d’arrière est séparée par une cloison, en deux pièces distinctes, dont l’une est destinée au capitaine Narès, et dont l’autre sert de cabinet de travail à un des savants de l’expédition, M. Wyville Thomson, à qui nous empruntons les descriptions qui vont suivre, d’après un très-intéressant récit qu’il vient d’adresser en Angleterre[2]. La cabine d’avant sert de bibliothèque, elle est remplie de livres destinés aux expérimentateurs et aux savants de l’expédition. Vers le milieu de l’embelle, se trouve un cabinet de travail et une chambre obscure destinée aux opérations photographiques. À tribord est disposé le magnifique laboratoire de chimie, dont la gravure ci-dessus représente très-exactement l’ensemble. Des microscopes sont placés au milieu d’une grande table, tout prêts à recevoir sur leurs porte-objet, les préparations micrographiques, à amplifier pour l’observateur, les foraminifères, les débris organiques que le filet ou la sonde viennent d’arracher sur place, aux abîmes de la mer. Des oiseaux empaillés, pris en mer ou sur les côtes, sont accrochés

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  1. Voy. Chronique du no 3, p. 46.
  2. L’intéressant voyage du Challenger est régulièrement publié dans le journal anglais Nature. L’honorable directeur du journal anglais, le savant M. Lockyer, a bien voulu souhaiter la bienvenue à la Nature française. Il nous a fait l’honneur de nous demander quelques-uns de nos clichés, et de traduire en anglais nos articles qui les accompagnaient. Il nous a proposé, en échange, de mettre à notre disposition les documents de sa belle publication. Nous avons accepté avec empressement cette offre de confraternité scientifique, dont nos lecteurs profiteront dès aujourd’hui, en ayant quelques renseignements inédits en France sur l’expédition du Challenger. G. T.