L’Association française, créée pour aider au développement du mouvement intellectuel en France, compte distribuer chaque année des encouragements, des subventions à des savants, bien que les frais d’installation aient atteint un chiffre assez considérable, et quoique les ressources ne fussent pas, dès lors, ce que l’on espérait, par suite de retards dans les versements, l’association a tenu à consacrer ce principe dès sa naissance, et une somme de 1 300 fr. a été répartie par les soins du bureau ; il faut espérer que d’ici quelque temps il sera possible de décupler ce chiffre, pour le moins.
Enfin, les Comptes rendus du congrès de Bordeaux, qui viennent d’être terminés et qui forment un magnifique volume, seront pour les membres de l’Association, en même temps qu’un souvenir du Congrès, un ouvrage dans lequel on trouvera des travaux importants qu’ils auront à consulter souvent, sans aucun doute. Nous regrettons que nous ne puissions parler plus longuement de ce volume dont la publication fait grand honneur, à tous égards, au bureau de l’Association française[1].
L’Association française va tenir à Lyon, le 21 de ce mois, une nouvelle session. Tout fait espérer que la réunion sera fort brillante ; la ville de Lyon a voté un crédit de 20 000 francs pour les frais occasionnés par le Congrès, et a mis à la disposition de l’Association le palais Saint-Pierre et l’hôtel de ville. Un Comité local, qui réunit toutes les notabilités lyonnaises, s’est constitué pour préparer la tenue de la session, s’occuper de l’installation matérielle, des excursions, et concentrer tous les travaux de la région ; nous savons, dès à présent, qu’il s’est tenu à la hauteur de cette mission, et nous ne doutons pas de l’excellence des dispositions qui auront été adoptées.
Le bureau de l’Association[2], de son côté, a dû se préoccuper de tout ce qui, dans cette préparation de la session, n’est pas exclusivement local, et nous croyons savoir que la deuxième session de 1873 sera brillante ; on espère que les assistants seront nombreux, que les travaux seront intéressants, et l’on sait qu’un certain nombre de savants étrangers ont promis leur concours effectif.
Après une année d’existence, à peine, l’Association française compte près de 1 000 membres et possède outre les souscriptions annuelles (20 francs par membre), un capital qui rapporte 8 500 francs de rente, c’est une véritable puissance ; mais il faut plus encore, et nous souhaitons à l’Association française une prospérité au moins égale à celle de sa sœur aînée, the British Association ; nous voulons espérer qu’avant quelques années elle comptera 10 000 membres et pourra dépenser annuellement 150 000 à 200 000 francs. Il y a sans aucun doute en France plus de 10 000 personnes qui s’occupent de science pure et qui s’intéressent à ses applications si nombreuses : toutes peuvent et doivent faire partie d’une association dont le but est éminemment patriotique. Elle a pris pour devise ces mots : Par la Science, pour la Patrie, qui sont de nature à lui concilier toutes les sympathies sans exception.
LE SPECTROSCOPE TOTALISATEUR
DE M. NORMAN-LOCKYER.
L’approche de l’époque où les préparatifs du passage de Vénus seront rendus publics donne un grand intérêt d’actualité à la description d’appareils analogues à celui que nous représentons. Le télescope de M. Lockyer a été employé en décembre 1871 pour observer la grande éclipse qui, on s’en souvient, avait attiré l’attention du monde savant tout entier.
Pour comprendre le jeu de ce spectroscope totalisateur, il faut d’abord saisir la marche du télescope monté équatorialement sur lequel il était placé. Cet instrument, ayant été orienté suivant un plan méridien, il a fallu donner à l’axe A une direction parallèle à celle de l’axe du monde, qui fait à Pont de Galls (Ceylan), un angle d’environ 84° avec le zénith. Cette opération a été effectuée à l’aide du limbe-gradué C et d’un pignon caché par la glissière B. Des vis calantes ont permis de donner à l’axe A une situation inébranlable.
L’appareil porte deux cercles gradués, l’un, pour les ascensions droites, et l’autre perpendiculaire au premier pour les déclinaisons. Une fois le télescope mis en place, on le met en mouvement autour de l’axe A avec une vitesse réglée sur le temps sidéral. Ce mouvement est donné par l’horloge D, qui est mise sous la surveillance d’un régulateur à force centrifuge, système Foucault, représenté à la droite de notre gravure. Le mouvement se communique par les tringles et les roues d’angles qui aboutissent à l’axe E. La série de ces mouvements est facile à comprendre.
- ↑ Ce volume est distribué, chaque année, à tous les membres de l’Association.
- ↑ Le bureau de l’Association est composé ainsi qu’il suit pour l’année 1873 :
Président : M. de Quatrefage, membre de l’Institut, professeur au Muséum d’Histoire naturelle.
Vice-Président : M. Wurtz, membre de l’Institut, doyen de la Faculté de médecine de Paris.
Secrétaire général : M. Levasseur, membre de l’Institut, professeur au Collége de France.
Vice-Secrétaire général : M. Laussedat, lieutenant-colonel du génie.
Trésorier : M. G. Masson, libraire-éditeur.
Archiviste : M. Friedel, conservateur des collections scientifiques à l’École des mines.
Secrétaire du conseil : M. C. M. Gariel, ingénieur des ponts et chaussées, professeur agrégé à la faculté de médecine de Paris.
Le président pour l’année 1874 sera M. Wurtz ; le secrétaire général, M. Laussedat. Le vice-président et le vice-secrétaire seront nommés à l’élection au Congrès de Lyon ; ils devront être choisis de telle sorte que le bureau contienne un membre appartenant à chacun des groupes de sciences suivants :
1er groupe : Sciences mathématiques ;
2e groupe : Sciences physiques et chimiques ;
3e groupe : Sciences naturelles ;
4e groupe : Sciences économiques.