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LA NATURE.

mois, de jours de pluie, de brume, de calme, d’orages et de tempêtes, ainsi que la direction de laquelle ces tempêtes sont venues. Elles résument donc, pour un point donné à la mer, les diverses exceptions aux circonstances de temps habituelles et dominantes, et leur examen offre une étude à la fois intéressante et instructive.

Série F. — Cartes baleinières (Whale Charts). Cette série montre d’un coup d’œil les parages où l’on a le plus poursuivi la baleine ; les mois les plus favorables à cette pêche, qui, aux États-Unis, occupe chaque année une flotte de 600 navires montés par plus de 15 000 matelots. Une carte générale montre les régions fréquentées par les baleines franches, celles fréquentées par le cachalot, et celles où l’on rencontre les deux espèces de baleine.

Lorsque ses travaux furent interrompus par la guerre, Maury préparait encore une carte physique de L’Océan, qui aurait réuni sur la carte de chaque océan toutes les particularités pouvant y être observées : bourrasques, grêles, brumes rousses, pluies de poussière, clapotis de courants, glaces flottantes, bois de dérive, bancs de goëmon, coloration et phosphorescence de la mer, végétaux et animaux de toute espèce, etc.

Maury a donné dans la huitième édition de ses Instructions nautiques la liste des cartes qu’il avait terminées et de celles qui étaient en préparation. Ce grand travail comprenait plus de cent cartes. La plupart des séries publiées sont incomplètes. Mais les lacunes seront remplies par les nations maritimes, qui toutes concourent à des travaux dont l’importance et l’utilité sont maintenant incontestées. Déjà l’Angleterre, la Hollande, la France ont reproduit, sous une forme plus commode, les cartes pilotes, base de l’œuvre de Maury, et ajouté de nouvelles observations à celles qu’il avait enregistrées. Les dispositions adoptées pour porter sur les cartes américaines le résultat des observations ont été simplifiées, de manière à offrir aux marins une représentation facilement et rapidement appréciable. La figure ci-jointe montre la forme employée sur les cartes de routes françaises. Dans chaque carré, désigné par son numéro d’ordre, on a tiré, à partir du centre, seize rayons correspondant aux aires de vents principales. On donne à chacun de ces rayons une longueur proportionnelle à la fréquence relative des vents qu’il représente. Pour éviter la confusion, les rayons sont extérieurs à un petit cercle tracé au centre. La ligne qui va du centre vers l’ouest indique le vent d’est, et ainsi de suite. Au haut du carré est inscrit le nombre total des observations qui ont servi à construire la figure ; au bas le nombre des observations de calmes.

Les cartes de Maury ont fourni les principaux éléments de la construction des nouvelles cartes de vents et d’autres cartes également modifiées par ses continuateurs. Nous verrons dans un prochain article sur la géographie physique et la météorologie de la mer, comment ses beaux travaux, ses féconds aperçus facilitent aussi les voies nouvelles ouvertes par son génie investigateur, en même temps qu’ils répandent le goût de l’étude et qu’ils font naître dans les esprits « cette grande curiosité scientifique, source de tant de jouissances intellectuelles et de si grands bienfaits au sein des sociétés. »

E. Margollé.

La suite prochainement. —


LA FÉCONDATION DE LA SAUGE

Parmi les nombreuses découvertes qui ont enrichi la physiologie végétale dans ces derniers temps, une des plus intéressantes est sans doute celle du rôle des insectes dans la fécondation des fleurs. Aurait-on cru qu’après toutes les théories, plus ou moins ingénieuses, inventées pour expliquer le passage du pollen sur le stigmate de la même fleur et dans lesquelles on est allé jusqu’à invoquer, pour des plantes terrestres, l’intervention de l’eau qui, on le sait, est si nuisible au pollen, on pût reconnaître un jour que, dans le plus grand nombre des cas, les organes floraux sont disposés de manière à empêcher précisément ce contact et que le pollen doit être déposé sur le stigmate d’une autre fleur ou même sur une fleur d’un autre pied ?

Généralement une fleur fécondée par elle-même, reste stérile et il arrive même que le pollen exerce une action délétère sur les organes femelles de la fleur dont il provient lui-même, comme par exemple dans plusieurs espèces du genre oncidium. Les plantes aquatiques, chez lesquelles le transport du pollen s’effectue par l’eau, sont en très-petit nombre, et leur pollen, ainsi que leurs stigmates