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LA NATURE.

fois dans une seconde, l’armature s’attachera 2, 3, 4 fois dans le même temps au noyau, et les durées comme les intervalles des contacts seront identiques dans les deux appareils.

Ceci posé, nous revenons au chronographe. Le temps s’y marque et s’y compte au moyen d’électro-aimants qui sont en relation avec les instruments usités dans cette mesure. Les battements d’un pendule à secondes sont répétés électriquement et enregistrés suivant une ligne no 2 (voy. la gravure ci-contre), qui est décrite par une pointe fixée à l’électro-aimant, sur un cylindre enfumé animé d’un mouvement de rotation continu. L’électro-aimant dont la pointe décrit la ligne no 2, est mobile sur un chariot qui s’avance suivant une génératrice du cylindre, en même temps que celui-ci tourne.

Le chariot porte deux autres électro-aimants : l’un correspond à un subdiviseur du temps qui donne les fractions moindres que la seconde. C’est lui qui trace la ligne no 1, représentant par ses festons des subdivisions égales à de seconde ; ce fractionnement correspond à l’oscillation de la palette d’un trembleur électrique, sorte d’organe dans lequel les interruptions et les rétablissements du courant s’opèrent à raison de 33 par seconde dans le modèle représenté ici.

Le troisième électro-aimant, en rapport avec la membrane de caoutchouc, correspond au mouvement de l’onde dans le tube ; il fournit la ligne no 3 de la figure. On peut remarquer qu’une même onde éprouve plusieurs réflexions successives.

Il est facile, en jetant les yeux sur notre diagramme, de voir comment on tire de l’expérience le résultat cherché. Dans le nouvel exemple, l’obstacle est placé à 62 mètres ; l’intervalle entre deux marques successives de la membrane est de 12 subdivisions. La comparaison des lignes no 1 et no 2 montre qu’il y a 33 subdivisions dans une seconde, les indications de la ligne no 3 équivalent donc à de seconde. La double distance représente , et la longueur simple donnée par l’expérience est ainsi de mètres ; l’approximation est de 2 mètres.

Il faut expliquer maintenant comment on produit l’onde, et décrire la figure qui représente l’ensemble de l’expérience. À gauche, T est le tube dans lequel un pistolet V est placé pour produire la détonation qui donne naissance à l’onde. Sur la table, au centre de la figure, est le chronographe : M est le mouvement d’horlogerie qui fait tourner le cylindre enregistreur, à la surface duquel se développent les lignes no 1, no 2, no 3.

S est le chariot portant les trois électro-aimants dont chacun trace sa ligne. L’électro-aimant extrême (ligne no 1) est le trembleur, en relation avec la pile PP″. L’électro-aimant médian (ligne no 2), est relié au pendule à secondes R. Enfin l’électro-aimant (ligne no 3) communique électriquement avec la membrane de caoutchouc qui surmonte le tube T et en ferme exactement l’ouverture, sur laquelle elle est tendue comme une peau de tambour.

Le lecteur nous pardonnera ces détails arides ; nous avons cru utile de faire connaître avec quelque longueur un procédé fondé sur l’emploi d’un enregistreur. Les méthodes d’observation doivent des ressources précieuses à ces appareils, dont l’usage se répand chaque jour au grand profit de la science.

Ch. Bontemps.

L’ASSOCIATION FRANÇAISE
POUR l’AVANCEMENT DES SCIENCES.

(Suite. — Voy. 155.)
2e session. — Congrès de Lyon. — Août 1873.

La séance d’inauguration dont nous avons récemment parlé, a eu lieu le 21 août dans les salons de l’Hôtel de Ville. Le président, M. de Quatrefages, après une courte allocution de M. le préfet du Rhône, a prononcé un discours qui a été fréquemment interrompu par les applaudissements. L’orateur remercie d’abord la municipalité lyonnaise de la large hospitalité qu’elle accorde à la science. « L’Association française, dit l’honorable président, retrouve à Lyon la splendide et cordiale hospitalité de Bordeaux … La municipalité qui, la première, est venue en aide à notre comité lyonnais n’existe plus ; son dernier acte, peut-être, a été de voter la riche subvention qui devait satisfaire aux besoins, au superflu de la session. Loin de répudier ce vote, la municipalité actuelle l’a généreusement accepté comme lui léguant une dette d’honneur.

« … N’admirez-vous pas, messieurs, comment des hommes partout ailleurs en lutte ardente, se sont trouvés subitement sentir et penser de même dès qu’il s’est agi de notre Association ? — C’est que, placée en dehors et au-dessus des opinions qui se combattent, n’appartenant à aucune, elle n’en tient pas moins à toutes, par les sentiments généreux et vrais, par ce que les hommes d’intelligence et de cœur portent en eux. Or, croyez-le bien, messieurs, il y a de ces sentiments dans toutes les doctrines qui nous divisent, il y a de ces hommes dans tous les partis. Le malheur est qu’ils ne savent à quoi se rattacher et se prendre pour se rencontrer. La France d’aujourd’hui est comme une mer démontée au lendemain d’un ouragan, alors que les flots, cherchant le niveau perdu, retombent et s’entrechoquent dans un inextricable désordre. Chez nous aussi, les groupes formés au vent des révolutions, se heurtent le plus souvent sans but et usent à ne rien faire les forces vives de la nation. Chacun d’eux a son drapeau, hostile à tous les drapeaux voisins. Nous aussi, nous avons le nôtre, et nous le plantons hardiment au