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LA NATURE.

maîtres incontestés de tout ce vaste territoire : quoiqu’ils soient obligés de respecter la neutralité du pays que nous avons occupé, ils n’ont plus à redouter une influence étrangère, rivale de la leur.

La Côte d’Or. (Guinée septentrionale.) — 1. Axim. Fort Antonius. — 2. Fort hollandais. — 3. Fort qui vient d’être bombardé par les Anglais. — 4. Capitale des établissements anglais. — 5. Ancienne possession hollandaise. — 6. Limite des possessions anglaises.

Leur capitale est le château du cap Corse, ville de 16 000 âmes, la plus peuplée de la côte après Saint-Georges-d’Elmina, longtemps sa rivale. Malheureusement pour les Anglais, la cession que les Hollandais ont faite de leurs droits ne paraît point avoir été acceptée avec une égale satisfaction par tous les habitants de la côte. Les gens d’Elmina, ayant accueilli les Achantis, ont vu leur ville brûlée de fond en comble par des navires de guerre de Sa Majesté britannique. Mais ce succès n’a point empêché les Achantis d’envahir successivement toutes les parties du territoire occupé par les alliés de l’Angleterre et de cerner étroitement les Anglais dans le château du cap Corse, après avoir battu leurs auxiliaires. Le plus redoutable ennemi contre lequel les Anglais aient à lutter est sans contredit la fièvre, compliquée cette année de la petite vérole. Les causes de cette épidémie désastreuse sont attribuées au système vicieux de construction des fosses d’aisance qui paraissent infecter les eaux potables. — La capitale des Achantis se nomme Coumassiet, ville située au nord de la chaîne du littoral, et leur empire s’étend jusqu’aux premiers rameaux des monts Cong. Cette chaîne du littoral est d’un accès fort difficile, non point parce que ses hauts sommets sont très élevés, mais parce que ses pentes sont couvertes d’une végétation inextricable. C’est par le fer et le feu qu’une armée peut seulement arriver à s’y frayer un passage. Aussi les Achantis, qui peuvent, dit-on, mettre sur pied deux cent mille guerriers pour défendre leur territoire dans le cas d’invasion étrangère, doivent compter sur la nature plus encore que sur leur nombre.

Leur puissance date de la fin du dix-septième siècle, époque à laquelle un guerrier, nommé Saï-Toutau fonda leur monarchie, où le pouvoir se transmet par ligne collatérale féminine. Ils ont été quelquefois assez heureux dans leurs guerres contre les Anglais, car ils conservent à Coumassiet le crâne du général Mac-Carthy, tué dans un combat en 1828. Leur roi, nommé Coffy Calcaly, s’en sert pour boire le vin de palmier dans les occasions solennelles, alors qu’on procède à d’horribles sacrifices humains pour rendre les fétiches favorables.

C’est sur les territoires abandonnés par la France que les Achantis se procurent actuellement des armes, que leur apportent des nègres Fantis, très-actifs courtiers de ce commerce