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LA NATURE.

deux métaux dans la proposition indiquée donne un miroir aussi complet que possible, pour réfléchir tous les rayons en une égale mesure. On a calculé que son pouvoir optique équivaut à celui d’un objectif de 34 pouces, qu’il serait à peu près impossible de faire dans l’état actuel de l’optique.

Nous avons dit que ce miroir pèse 1,590 kilog. Le tube, long de 27 pieds, en pèse 1,210. L’instrument tout entier ne pèse pas moins de 8,240 kilog., et est si parfaitement équilibré, qu’on peut de la main seule, l’élever en 20 secondes de l’horizontale à la verticale.

Le télescope de Melbourne.

Le tube, construit à jour pour alléger le poids, n’a d’autre but que de porter vers son extrémité supérieure le petit miroir, qui renvoie l’image dans l’oculaire placé au centre du grand, comme nous l’avons expliqué. Il est formé de bandes d’acier croisées et rivées. Des cercles de fer l’enserrent et quatre diaphragmes sont fixés à égales distances dans son intérieur. Il est si solidement établi, qu’un poids de 112 livres attaché à son extrémité ne lui donne qu’une flexion de 1/200 de pouce.

En résumé, ce grand télescope, que l’on peut nommer un chef-d’œuvre de travail, présente les proportions suivantes en mesures françaises. Le miroir a 1m,20 de diamètre ; sa distance focale est de 9m,60. Il semble que le télescope devrait être au moins aussi long que la distance focale ; mais dans le système Cassegrain, le petit miroir est convexe et coupe le faisceau des rayons lumineux avant la formation du foyer ; il est donc en deçà du foyer (fig. 2). Aussi la longueur totale du télescope est-elle de 9 mètres. Sa largeur est de 1m,35. Neuf oculaires lui sont adaptés. Les grossissements de ces oculaires, et c’est en définitive là le point capital, sont compris entre 200 et 1,000 ; l’astre observé avec ce dernier pouvoir est vu comme s’il était rapproché de mille fois sa distance ; ainsi la lune, qui est à 96,000 lieues d’ici, est vue comme si elle n’était qu’à 96 lieues.

Fig.2. — Coupe du télescope de Cassegrain.

Quelque prodigieux que soient ces résultats obtenus par l’optique moderne, il n’est pas douteux qu’ils seront dépassés, et que les appareils astronomiques de l’avenir rapprocheront encore de notre globe l’image de l’astre des nuits.

Camille Flammarion.

La suite prochainement.