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LA NATURE.

houillère ; ceux-ci peuvent donc être considérés comme la végétation primitive.

Au commencement, les terres émergées nourrissaient un certain nombre de plantes ; cette végétation, faible et peu nombreuse d’abord, a augmenté progressivement et n’a atteint son maximum de développement que vers la fin de l’époque houillère, où nous la trouvons représentée par des forêts immenses qui couvraient une bonne partie de la surface des terres émergées.

M. Élie de Beaumont a calculé la quantité de carbone que produisent annuellement nos forêts actuelles ; d’après ces calculs, il ne pourrait se former sur l’étendue des dépôts houillers que 0m,016 de ce combustible en un siècle. Dumont a compté à Liège 85 couches de houille, dont quelques-unes ont 2 mètres et au delà d’épaisseur ; admettons, pour ces couches, une épaisseur moyenne de 0m,60 : nous aurons un dépôt pour la formation duquel il aurait fallu à peu près 300 000 ans de nos forêts.

La flore carbonifère des houillères de la Loire.

Un premier examen de cette flore si ancienne nous met en présence de deux faits d’une importance capitale : malgré la différence qui existe entre ces végétaux anciens et ceux qui couvrent actuellement notre globe, les lois générales d’organisation végétale n’ont nullement changé et les formes qu’on y rencontre se rattachent plus ou moins directement à quelques-unes des formes qui existent encore de nos jours.

La flore houillère nécessitait un climat chaud et des conditions de température et d’humidité uniformes ; la proportion considérable d’acide carbonique dont l’atmosphère était chargée peut expliquer en partie la force et l’exubérance de cette végétation, dont le principal effet consistait à fixer une grande quantité de carbone en purifiant l’atmosphère.

On a reconnu parmi les formations carbonifères anciennes trois positions géologiques différentes auxquelles correspondent trois flores qui présentent des différences très-prononcées. Les terrains houillers les plus anciens de France sont ceux de l’Ouest, compris dans les départements de Maine-et-Loire et de la Loire-Inférieure. Ceux des départements du Nord, qui paraissent être contemporains de ceux de la Belgique, de l’Angleterre et de la plupart de ceux de l’Allemagne, viennent ensuite. Enfin ceux qui entourent le plateau central de France sont les plus récents.

Les admirables travaux que nous venons de passer en revue jettent un jour nouveau sur l’histoire des plantes fossiles des houillères, en même temps qu’ils apportent au penseur et au philosophe de nouveaux sujets de méditations sur les évolutions du globe terrestre.

Comme l’a dit l’illustre Cuvier, « si l’on met de l’intérêt à suivre dans l’enfance de notre espèce les traces presque effacées de tant de nations éteintes, comment n’en mettrait-on pas aussi à rechercher dans les ténèbres de l’enfance de la terre les traces de révo-