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LA NATURE.

il l’a construite. Ce que l’on sait d’elle, c’est ce qu’ont pu divulguer les expériences : sa forme, ses dimensions et le moteur qui la fait agir. Elle a 25 pieds de long, son moteur est l’électricité. Mais ce n’est pas sans raison qu’on a critiqué les moyens employés pour lancer, stopper et gouverner cet engin, qui comprennent naturellement un mécanisme d’une nature délicate et excessivement complexe. Aussi, ses essais n’ont-ils pas encore donné gain de cause à M. Lay ; son rival, M. Ericson affirme même qu’il n’en sortira point à son avantage, d’où une polémique très-vive entre les deux inventeurs, suivie d’un pari de 2 000 dollars (10 000 francs), dont l’enjeu devra être donné à quelque œuvre de charité. Nous ferons connaître les résultats de cette lutte dont la science doit profiter de tant de façons.

Léon Renard.

LES MOISISSURES MICROSCOPIQUES.

On trouve dans le monde microscopique une quantité de merveilles qui passeraient tout à fait inaperçues, sans les révélations du plus admirable des instruments d’optique. Un chercheur patient, habitué aux délicates investigations, peut contempler dans les simples moisissures, dans ces taches sales et verdâtres qui n’inspirent que répulsion, un herbier perpétuel, où il n’a qu’à puiser pour rencontrer à profusion les plus admirables richesses de la végétation. Que de métamorphoses s’accomplissent dans quelques centimètres carrés de ces mucosités repoussantes ! Prenez délicatement une parcelle de ces croûtes aux teintes noirâtres, déposez-les sur le porte-objet du microscope ; si votre choix a été heureux, vous vous trouverez en présence d’un parterre de ces plantes si variées, et cependant si élémentaires.

Les moisissures microscopiques.

Le monde des moisissures est exubérant dans son infinie petitesse ; combien faut-il de filaments pour tapisser des murs ou des caves entières, quand chacun de ces rameaux déliés a environ un diamètre de quelques dixièmes de millimètres. Une quantité est superposée les uns aux autres ; cet amas prodigieux est le mycélium, sorte de forêt vierge en miniature, dans laquelle les branches mortes entassées, forment en quelque sorte le berceau d’où s’élancent de nouvelles tiges. Malgré leur extrême ténuité, ces végétaux résistent aux atteintes du temps et des causes accidentelles. Leur étonnante fécondité, qui les met à l’abri de la destruction, est due à un double mode de reproduction : la graine et la fragmentation. Il suffit d’une fibrille de moisissures pour qu’un pied entier se propage, si elle tombe dans un endroit propice sous le rapport de la température, de l’humidité et de la lumière. La graine est émise en prodigieuse quantité, et certains cryptogames microscopiques en produisent des milliers en très-peu de temps. On remarque au milieu de ces masses filamenteuses de petits globules transparents, tantôt isolés, tantôt adhérents aux extrémités des ramules ; ces corps sont des spores, c’est-à-dire la graine des cryptogames.

Partout où il y a de l’humidité, on trouve des moisissures en taches plus ou moins étendues, sui-