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Page:La Nature, 1873.djvu/411

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LA NATURE.

sion vraiment sérieuse que sous le règne d’Henri IV, c’est-à-dire un siècle après environ. En 1603, Barthélemy de Laffemas, valet de chambre du roi, publia une brochure qui contribua singulièrement à répandre les notions, propres à favoriser le développement de l’éducation des vers à soie. Cet opuscule intitulé : La preuve du plant et profit des mûriers, valut à son auteur des lettres de noblesse et le titre de contrôleur général du royaume. Quelques temps auparavant le Théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres, avait déjà vulgarisé l’usage des plants de mûrier et des vers à soie qui s’en nourrissent.


LES PIERRES QUI TOMBENT DU CIEL

(Suite et fin. — Voy. p. 87, 292, 321, 339.)

On a vu dans notre précédent article, que les météorites constituent des roches aussi variées que les roches terrestres. Or, supposons que sur un autre astre, on recueille des échantillons des diverses roches terrestres, exactement comme nous recueillons ici des météorites. La question qui se pose est celle-ci ? Ces roches terrestres ont-elles dans leur substance des caractères tels qu’on en puisse conclure qu’elles dérivent d’un gisement commun ? Si l’on veut, pourrait-on conclure de leur étude qu’elles ont eu ensemble des relations stratigraphiques ?

Remarquons tout de suite qu’il ne suffirait pas de trouver des échantillons rigoureusement identiques entre eux pour qu’on fût autorisé à dire qu’ils sont compatriotes. Il n’y aurait en effet qu’à supposer l’exercice des mêmes causes dans des points différents de l’espace pour rendre compte de l’identité de masses qui pourraient n’avoir eu aucunes relations mutuelles. Mais, parmi la série des roches terrestres, on trouverait bien vite, outre les roches homogènes, des masses bréchoïdes, c’est-à-dire formées par la cimentation de divers fragments appartenant à des espèces différentes de roches monogéniques. Et l’étude de ces brèches serait au point de vue qui nous occupe, extrêmement instructive. Ainsi, on trouve dans les Pyrénées une brèche dont les fragments agglomérés se rapportent à des espèces lithologiques très-différentes les unes des autres. Dans un échantillon moins gros que le poing on reconnaît aisément du granite, du talcschiste, du phyllade, du calcaire, etc., le tout à l’état de fragments anguleux fortement cimenté par une substance argileuse.

Il est bien évident que le géologue extra-terrestre qui étudierait cette brèche serait assuré qu’elle provient d’une localité où existaient à l’état de formations distinctes du granite, du talcschiste, du phyllade et du calcaire. Il aurait la preuve du même coup que dans ces localités où les diverses roches se seraient formées, il y aurait eu développement des actions géologiques que nécessite la formation des brèches ; c’est-à-dire, concassement de ces diverses roches, charriage et mélange de leurs débris, puis enfin cimentation de ceux-ci. Ces conclusions seraient bien justes, n’est-ce pas, puisque nous voyons dans les Pyrénées, où nous pouvons aller, que cette brèche est réellement en relation avec les assises de roches dont les débris ont concouru à sa formation. Cette même découverte de relations stratigraphiques de roches non observées en place pourrait résulter aussi de ce fait qu’il existerait entre des types très-nettement différents, des passages minéralogiques insensibles. De ce que, par exemple, le granite passe au gneiss par les transitions les plus ménagées, il résulte que ces deux roches se sont formées dans des conditions très-voisines et doivent se trouver en contact : c’est ce qui a lieu. Enfin, pour borner nos exemples aux cas les plus saillants, il est clair que si notre géologue reconnaissait qu’il peut par certaines manipulations de nature à être reproduites dans la nature, transformer certains types de roches en d’autres types, il en conclurait que ces derniers dérivant des autres, supposent l’existence antérieure de ceux-ci et proviennent conséquemment du même gisement. Ainsi, trouvant que la craie blanche peut sous l’action de la chaleur passer à l’état de marbre blanc comme celui d’Antrim, il serait sûr que celui-ci est le produit d’une transformation de la craie et en conclurait de la manière la plus indubitable que la craie et le marbre proviennent du même gisement, ce qui est vrai.

Eh bien, ces différentes circonstances se sont présentées dans l’étude des météorites et, comme nous allons essayer de le montrer, on est en droit de dire que celles-ci sont des fragments qui, malgré la grande distance qui les sépare, ont été jadis en relations stratigraphiques. En effet, beaucoup de météorites sont bréchiformes. Celle que représente la figure 1, tombée le 30 novembre 1866 à Cangas de Onis, près de Santander en Espagne, est dans ce cas. Les fragments blancs qu’elle renferme en si grand nombre sont formés de la roche oolithique que nous citions l’autre fois comme étant tombée à maintes reprises et par exemple à Montréjeau (Haute-Garonne), en 1868 ; la partie sombre dans laquelle ces fragments sont empâtés est identique à la roche tombée entre autres circonstances à Limerick (Irlande). D’après ce que nous disions des brèches terrestres, il est clair que la météorite de Cangas de Onis démontre les relations stratifiques pour les roches représentées respectivement par les chutes de Montréjeau et de Limerick ; et comme les trois types de Cangas, de Montréjeau et de Limerick comprennent chacun un grand nombre de chutes différentes qui les ont fournis à diverses reprises, on voit que beaucoup de météorites regardées jusqu’ici comme distinctes, se relient les unes aux autres.

Mais l’exemple de Cangas de Onis n’est qu’un cas entre autres. Il est des météorites bréchiformes, telle que celle recueillie en 1866, à Saint-Mesmin, dans le département de l’Aube, qui renferment des fragments non plus de la roche oolithique de Montréjeau, mais de la roche finement grenue dont le type est