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LA NATURE.

ont montré que la pierre du Tadjera n’est autre chose que le résultat du métamorphisme de la pierre d’Aumale, exactement comme le marbre d’Antrim est le résultat du métamorphisme de la craie. Prenez un morceau de la pierre grise d’Aumale et, à l’abri du contact de l’air, portez-le à la chaleur rouge ; au bout d’un temps convenable, et après refroidissement, vous constaterez qu’il s’est transformé dans la pierre noire de Tadjera, avec tant de perfection qu’il est impossible de l’en distinguer, de quelque manière que l’on s’y prenne.

Cela posé, il est évident que la roche de Tadjera n’a pu se produire que là où il y avait déjà de la roche d’Aumale et, par conséquent, que ces deux types proviennent d’un même gisement originel où ils se trouvaient en relations stratigraphiques. Quant à la pierre de Chantonnay, avec ses marbrures noires, on s’assure qu’elle représente le produit du métamorphisme incomplet de la roche d’Aumale. Celle-ci chauffée, comme il vient d’être dit, avant d’être entièrement métamorphosée en pierre de Tadjera, passe par l’état de pierre de Chantonnay ; et l’on voit que cette dernière pierre démontre les relations stratigraphiques des deux autres types de deux manières différentes, savoir : en décrivant de l’un d’eux, par transformation métamorphique, puis en établissant entre eux un de ces passages minéralogiques qui nous occupaient tout à l’heure.

Ce que nous venons de dire, pour les trois roches compactes d’Aumale, de Chantonnay et de Tadjera, nous pourrions le répéter mot à mot, pour les trois roches oolithiques de Montréjeau, de Belaja-Zerkwa et de Stawropol ; la seconde est le résultat du métamorphisme incomplet de la première ; l’autre est le résultat de son métamorphisme total.

Fig. 2. — Brèche de filon météoritique, découverte en 1866 dans la Cordillère de Deesa, au Chili. Elle consiste en une masse métallique ayant les caractères du fer de Caille, préalablement fondu, empâtant des fragments anguleux de la roche noire, qui est tombée à Tadjera (Algérie) sous forme de météorite, et qui résulte du métamorphisme de la roche grise représentée, par exemple, par la météorite d’Aumale (Algérie). — (Deux tiers de la grandeur naturelle).

Il faut remarquer, à cet égard, que les expériences sur le métamorphisme météorique ont permis de réaliser, pour la première fois la reproduction artificielle de certains types de météorites : les pierres de Chantonnay et de Tadjera, d’une part et les pierres de Belaja-Zerkwa et de Stawropol, d’autre part, ont été imitées dans tous leurs détails, les premières au moyen de la pierre d’Aumale et les autres au moyen de la pierre de Montréjeau, Nous verrons que depuis et toujours dans la même voie, on est arrivé à reproduire la pierre de Tadjera, au moyen d’une roche terrestre appelée serpentine.

C’est à la fois à l’examen des brèches et à la découverte du métamorphisme météoritique que se rattache l’étude d’un fer très-remarquable, reproduit dans notre figure 2 et qui a fourni des données très-précieuses pour la stratigraphie des roches extra-terrestres. C’est le fer découvert en 1866 dans la cordillère de Deesa, près de Santiago du Chili. Comme on le voit, par la figure, c’est une masse métallique renfermant à l’état de dissémination des fragments anguleux d’une roche noire de nature essentiellement pierreuse : c’est donc une brèche, mais d’un genre tout différent de celles qui nous occupaient il n’y a qu’un instant.

Une étude minutieuse de ce fer montra que les fragments pierreux sont rigoureusement identiques à la roche de Tadjera, citée déjà tant de fois. Pour le fer, le résultat fut un peu plus compliqué ; chimiquement ce fer est semblable de tous points au fer de Caille, figuré dans un précédent numéro, mais pour la structure il n’en est pas du tout de même. Traité suivant la manière indiquée on ne peut pas en obtenir les figures de Widmannstætten, que le fer Caille donne si nettement, comme on se le rappelle : à ce point de vue le fer de Deesa, malgré sa composition qui admet du nickel, et les autres éléments météori-