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LA NATURE.

Mais il nous faut signaler certains autres avantages non moins précieux que nous procurerait l’acclimatation de l’eucalyptus. Grâce aux puissantes émanations camphrées de ses feuilles, les influences paludéennes sont combattues, et l’on attribue à l’immense quantité d’eucalyptus qui poussent en Australie le peu de fièvres qu’on y constate. Les Anglais qui ont été les premiers à reconnaître cette propriété bienfaisante ont fait aussitôt dans leur colonie du cap l’essai de ces plantations ; deux ou trois ans ont suffi pour faire disparaître complètement les conditions insalubres de leur possession. Quelques années après, pareil essai fut fait en Algérie : en 1867, 13,000 eucalyptus furent plantés par M. Trottier dans une propriété qu’il possédait près de la rivière Hamize et où les fièvres sévissaient cruellement. Dès l’année suivante, bien que les arbres n’eussent pas plus de deux ou trois mètres de haut, les fermiers furent complètement préservés des fièvres qui n’ont plus reparu depuis cette époque. Il en a été de même à la ferme de Ben Machydlin qui était entourée de marécages, de même encore sur les rives du Var où le docteur Gimbert cite à l’entrée du pont du chemin de fer une maison de garde-barrière voisine de terrassements, de colmatages. Cette maison était meurtrière ; tous les ans, on était obligé de changer les gardiens dont la santé était attaquée par l’impaludisme. M. Villard, ingénieur, fit planter, il y a deux ans, quarante arbres dans le voisinage de la maison ; dès cette année les employés de la voie furent préservés de la fièvre. Planté en fourré autour des lieux malsains, il empêche par son ombre l’action du soleil sur la terre, empêche les miasmes de se porter au loin et les modifie par ses émanations antiseptiques, en même temps qu’il absorbe l’humidité du sol, condition essentielle de la production des miasmes ; enfin grâce à la persistance de son feuillage, la terre n’est plus couverte de ses détritus qui produisent en se décomposant les effluves pernicieuses.

Eucalyptus globulus.

Mais ce ne sont pas les seuls services que l’on ait déjà tirés de l’Eucalyptus et l’extension de cette culture en Espagne a permis de constater les propriétés fébrifuges de cette plante qui a reçu dans le pays le nom d’arbre à la fièvre. Les expériences répétées des docteurs Brunel, à Montevideo, Carlotti, en Corse, Tristany, en Espagne, Marès, en Algérie, Gimbert et Gubler, en France, ont permis de constater qu’il guérit le plus souvent les cas rebelles à la quinine et aux autres fébrifuges. On l’applique également comme désinfectant au pansement des plaies résultant d’accidents ou d’opérations chirurgicales, on l’emploie comme stimulant local par l’application de feuilles fraîches sur les plaies qui ont de la peine à se cicatriser. Le docteur Gubler en conseille également l’usage dans les affections catarrhales et les maladies des voies respiratoires.

On ne saurait donc trop encourager les efforts tentés pour l’acclimatation d’un arbre qui possède tant de qualités diverses, hier inconnues parmi nous, et dont la propagation intéresse l’hygiène encore plus peut-être que l’industrie.

Gabriel Marcel.

LA PLANÈTE JUPITER

(Suite et fin. — Voy. page 357 et 390.)

L’étude télescopique du disque de Jupiter fournit-elle des notions positives sur la constitution physique de la planète ? Cette question peut se poser d’une autre façon, et se résumer en ces deux autres questions :