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LA NATURE.

qui aurait eu le sort de Cooking, n’a pu avoir lieu. Les badauds bruxellois ont manifesté leur mécontentement d’une façon bruyante. Cette mésaventure fait involontairement songer à celle de l’horloger autrichien Deghen, qui avait attiré tout Paris au champ de Mars pour lui voir diriger un ballon auquel il était suspendu ; mais, plus prudent que le volant de Bruxelles, il ne devait point quitter terre.

Les journaux de Marseille nous apprennent qu’un aéronaute de cette ville construit un grand ballon pour traverser la Méditerranée. La tentative, quoique accompagnée de certains hasards, n’est point insensée, à condition d’être exécutée avec des moyens suffisants et sérieusement dirigée. Mais les Marseillais viennent récemment d’assister à un accident aérostatique qui n’est point fait pour favoriser de nouvelles tentatives. Un ballon captif s’est échappé, et les passagers ont été faire un plongeon involontaire dans la Méditerranée.

Les journaux d’Amérique nous annoncent le prochain départ d’un aéronaute yankee qui a la prétention de traverser l’Amérique en soixante heures. Heureusement le même journal nous apprend que le grand ballon du professeur Weiss ne se lancera au-dessus de l’Océan que quand l’assemblée de Boston aura fait remettre préalablement à l’aéronaute une somme assez ronde. Il faut donc provisoirement considérer la nouvelle du Herald comme étant elle-même un ballon d’essai.

Nous avons lu dans la Nouvelle Revue de Vienne que le ballon captif de l’Exposition universelle a dû être prêt pour le 15 juin, sans remise ni retard d’aucune sorte.

La Nouvelle Presse de Vienne ajoute que le constructeur entrepreneur s’est engagé à livrer le ballon pour cette date, sous peine d’un fort dédit. On n’a sans doute point oublié le beau ballon captif de l’Exposition de 1867, dont M. H. Giffard était le créateur : celui de Vienne sera gonflé au gaz de l’éclairage, il cubera 8 000 mètres cubes ; il n’est certes pas de nature à faire oublier ses devanciers.

M. Janssen, le nouveau membre de l’Institut a communiqué à l’Académie des sciences un mémoire sur une ascension exécutée, au mois d’avril dernier, par quelques savants. Le diagramme de la route suivie était affiché sur les murs de la salle des séances. M. Janssen s’en est servi pour ses démonstrations.

L’aérostat ayant rencontré un banc d’aiguilles de glace très-fines, les voyageurs aériens n’ont point été à même de reconnaître si ces aiguilles montaient ou descendaient. Il est à regretter qu’ils n’aient point songé à jeter dans l’espace de petits morceaux de papier, qui auraient, suivant toute probabilité, résolu la question. Or il n’est pas à présumer que les aiguilles de glace puissent descendre plus rapidement que des objets aussi légers. En tout cas, avec de bons baromètres, des aéronautes expérimentés peuvent être quelquefois embarrassés pour maintenir leur ballon horizontal, mais dans l’état actuel de l’art ils ne le sont jamais pour savoir s’ils descendent ou s’ils montent.

W. de Fonvielle.

REVUE MÉDICALE

Les maladies régnantes. — La statistique des maladies régnantes est faite à Paris depuis plusieurs années par une commission spéciale ; ce bon exemple a été suivi à Lyon, et le docteur Fonteret vient d’étudier les constitutions médicales dans leurs rapports avec les maladies pendant la période 1866-1873. Cette étude prouve une fois de plus la relation qui existe entre certaines affections et les variations atmosphériques. Ainsi l’automne 1868 donne de ce fait un exemple frappant : dans la première moitié de cette saison qui fut chaude et sèche, les maladies revêtirent les types gastriques et bilieux ; dans la deuxième moitié, qui fut froide et humide, le type catarrhal prédomina. Les affections inflammatoires ont régné surtout pendant les hivers froids et secs.

L’agoraphobie. — Sous ce nom, Westphal et Cordes viennent de décrire un genre particulier de maladie nerveuse (névropathie) consistant dans l’angoisse, la crainte des places publiques (Platzangst, Platzfurcht). Cette maladie, causée par une surexcitation du système nerveux, survient à la suite de travaux intellectuels exagérés et des excès de tout genre ; il complique parfois les troubles gastriques prolongés. Les individus atteints de cette singulière affection sont pris, lorsqu’ils veulent traverser une place, un endroit désert, d’un sentiment d’angoisse qui paralyse leurs mouvements et s’accompagne de palpitations de cœur, de vertiges et de bourdonnements d’oreille. L’hydrothérapie et l’application des courants électriques continus ont le plus souvent raison de ces accidents, qui sont plus effrayants que dangereux.

Le carbonate de lithine dans la goutte et la gravelle. — Les théories nouvelles, qui font consister la goutte dans une production exagérée d’acide urique due à un défaut de combustion des matériaux de la nutrition, indiquaient par cela même l’emploi d’un alcali qui formât avec l’acide urique un composé soluble et par cela même facile à éliminer. Le carbonate de lithine est dans ce cas, et le docteur Garrod, qui vient de l’expérimenter, assure que la pratique s’est trouvée d’accord avec la théorie. D’après cet auteur, le carbonate de lithine réussit parfaitement dans beaucoup de cas de goutte chronique ou aiguë et de gravelle ; il est en outre éminemment diurétique et facilite la résorption des tophus ou nodosités qui déforment les articulations des goutteux.

Corps étrangers dans le conduit auditif. — Le docteur Gruber de Vienne, insiste sur l’emploi des injections d’eau tiède continuées pendant un certain temps ; le corps étranger laisse passer derrière lui le jet de liquide, se déplace et finit par être expulsé. Si le corps étranger est un petit insecte vivant, M. le docteur Tillaux recommande d’envoyer avec la bouche un jet de fumée de tabac dans l’oreille. En thèse générale, on doit proscrire l’emploi de sondes, curettes, pinces, avec lesquels des mains inexpérimentées pourraient léser la membrane du tympan ou déchirer les parois du conduit auditif.

Dr  Z.



Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandier.

paris. — imp. simon raçon et comp., rue d’erfurth, 1.