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LA NATURE.

fussent le moins possible interrompues. Voici comment ils y sont parvenus.

Le wagon américain est une caisse de 15 mètres de long environ avec des paliers et des escaliers à chaque bout. Il n’y a pas de portes latérales ; on entre et l’on sort par les extrémités. À l’intérieur règne au milieu un couloir de 60 à 70 centimètres de large, avec des banquettes à deux places de chaque côté. Les dossiers de ces banquettes sont mobiles autour d’un axe horizontal ; le voyageur peut s’asseoir à volonté le visage tourné vers la locomotive ou à reculons.

Wagon ordinaire américain[1].

Ces wagons sont très-élevés. La hauteur intérieure est de 2m, 50 contre les parois, et de 3 mètres dans l’axe du wagon, en sorte que les voyageurs peuvent circuler dans le couloir central, le chapeau sur la tête, sans se heurter à aucun obstacle.

Pour le chauffage, il y a des poêles au charbon de terre que l’on allume non-seulement en hiver, mais quelquefois aussi pendant les nuits d’été, notamment sur la ligne du Pacifique, où les rails s’élèvent à plus de 2 000 mètres au-dessus du niveau de l’Océan.

L’éclairage au moyen de lampes ou de bougies ne donne qu’une lumière insuffisante. Quelques compagnies emploient le gaz comprimé, qui produit au contraire une vive clarté. Cela est fort apprécié, dans un pays où l’on estime le temps à sa juste valeur. Les voyageurs peuvent consacrer à la lecture les longues soirées qu’il passent en chemin de fer.

Chaque wagon est pourvu d’un cabinet d’aisances et d’une fontaine d’eau glacée avec un verre, un seul verre, il est vrai, qui sert à tout le monde. Quelquefois il y a de plus un lavabo.

Vue intérieure d’un wagon à lit, dit Silver Palace Car.

Du reste, le plan ci-contre montre comment ces divers accessoires sont disposés à l’intérieur d’un wagon-hôtel du New-York central.

Tandis que le train est en marche, on peut passer d’un wagon à l’autre ou se tenir sur les paliers extérieurs. Le palier d’arrière du dernier wagon surtout est une sorte d’observatoire d’où l’on contemple commodément le paysage, l’état de la voie, les travaux d’art, etc. Dans chaque train circule le conducteur qui vérifie les billets, un marchand qui offre au public des journaux, des fruits, des cigares ; dans les wagons de luxe, il y a de plus un domestique toujours à la disposition des voyageurs.

Des wagons d’une telle dimension ne pourraient tourner dans les courbes s’ils n’avaient que des essieux rigides comme les wagons européens. Ils sont portés sur deux petits trucs à quatre roues auxquels les relie une cheville ouvrière. Ils franchissent ainsi sans nulle difficulté des courbes de 120 mètres de rayon, Ces grandes caisses sont d’ailleurs très-stables sur la voie et n’éprouvent guère le mouvement de lacet.

Sur les chemins de fer des États-unis, il n’y avait dans le principe qu’une seule classe de wa-

  1. Les gravures de cet article sont reproduites d’après le bel ouvrage de M. Malézieux sur les travaux publics aux État-Unis. Dunod, 1873.