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bibliothèque, à laquelle le directeur de l’Exposition, baron de Schwarzenborn, a déjà fait don d’une collection rassemblée par lui depuis 1845 et qui a pour objet les expositions universelles. Cette bibliothèque naissante compte déjà 3 412 volumes ou 2 205 ouvrages. L’établissement dispose d’un capital de 115 618 florins.(Moniteur belge.)

La neige en Italie. — L’hiver, qui jusqu’ici est si clément en France, s’annonce tout différemment chez nos voisins transalpins. Le 29 décembre, vers 8 h. 1/2 du matin, une neige très-abondante a couvert les rues de Naples, sur le Corso Vittorio-Emmanuele, et dans d’autres parties de la ville haute. Tout le monde était émerveillé de ce spectacle si peu usité dans ces parages. La Nazione de Florence constate qu’il a soufflé un vent formidable qui a produit de très-grands dégâts dans la ville et les faubourgs. Une quantité de lanternes ont été renversées. Beaucoup de cheminées se sont mises à voltiger dans toutes les directions. Heureusement il n’y a pas eu de mort d’homme à déplorer.

Falsifications du thé en Chine. — Le docteur Hassall a procédé récemment à des expériences qui démontrent que le thé est soumis à de grossiers mélanges ; sur vingt essais, lit-on dans le Courrier des États-Unis, opérés avec le thé appelé caper tea, un seul a constaté une qualité pure. Dans tous les autres, on a trouvé ce que les Chinois désignent en leur candide langage sous le nom de « faux thé » (lie tea). La proportion du mélange variait. Ce faux thé, d’une fabrication d’ailleurs fort ingénieuse, se compose de poudre de thé ou de feuilles étrangères réduites en poudre, de sable de fer aimanté, le tout réuni au moyen de la gomme ou de l’amidon, et imitant le caper tea, ou le thé poudre à canon. Pour compléter l’illusion, les grains sont souvent recouverts d’une couche de safran, de bleu de Prusse ou de mine de plomb.

Ces procédés d’adultération artistique ont été découverts par le docteur Hassall dans tous les cas. Il a constaté aussi que la proportion de sable ou de poussière de pierre varie de 2,09 à 12,83 p. 100, et que la quantité de fer en excès de la proportion normale varie, dans les cendres du thé pur, de 0,06 p. 100, minimum trouvé dans un seul cas, 5,68 p. 100 existant dans beaucoup de cas. Il est un point établi par le docteur Hassall qui répond complètement à la justification fréquemment tentée par les marchands de thé. Ceux-ci ont souvent allégué que le prix des thé falsifiés est tellement bas que les consommateurs n’ont pas le droit de s’attendre à une qualité sans mélange. D’après le docteur Hassall, il n’en est pas ainsi. Malgré le bas prix auquel l’article était mis en vente dans les divers cas examinés, « il y avait une différence de 500 à 400 p. 100 pour quelques-uns, sans qu’on pût l’expliquer par une différence correspondante dans le degré de falsification. » Le docteur Hassall ajoute que ce thé falsifié doit produire dans l’estomac l’effet d’encre, puisqu’il renferme de l’acide tannique et du fer ; ceci n’est pas tout à fait exact, car le sable ferrugineux ne se dissout pas, à ce que nous sachions, dans l’eau qui sert à la préparation du breuvage.

La télégraphie électrique en Chine. — Nous apprenons par de récentes dépêches de Chine, dit le Journal officiel, que la Compagnie télégraphique du Great Northern a établi une ligne terrestre allant jusqu’à Woosung et y a ouvert une station télégraphique d’où les messages de vingt mots seront envoyés à Shanghai pour un dollar. C’est là une grande chose et le premier pas vers l’introduction sans obstacles d’une ligne télégraphique qui traversera toute la Chine. Il y a quelques années, on fit un essai qui ne réussit pas, par suite de la résistance des petites autorités locales et des villageois sur le terrain desquels on avait fait passer la ligne. Ils remuèrent les fils et pendant la nuit renversèrent ou enlevèrent les poteaux. Cette fois on a procédé autrement. On a fait l’acquisition du terrain nécessaire pour établir une ligne directe jusqu’à Woosung, l’ancrage extérieur du grand port de Shanghaï, et on y a placé les poteaux nécessaires. Le North China Herald rapporte en ces termes le succès de l’opération : « Il est digne de remarqué qu’aucune opposition n’a été faite par les gens du pays, qu’un travail largement rétribué a intéressés à l’exploitation, ni par les « tepaos, » qu’on a également intéressés à la sûreté des fils. De vieilles femmes ont bien protesté, mais leur protestation est restée sans effet. »


ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 12 janvier 1874. — Présidence de M. Bertrand.

L’azotite d’ammoniaque. — Jusqu’ici personne n’avait obtenu l’azotite d’ammoniaque pur à l’étal cristallin. L’instabilité extrême de ce corps rend compte des difficultés de sa préparation. M. Berthelot est arrivé cependant à vaincre tous les obstacles, et il fait connaître les propriétés de ce sel, très-anciennement connu de nom et cependant tout nouveau pour les chimistes. Pour le préparer, on verse de l’azotite de baryte dans du sulfate d’ammoniaque : le sulfate de baryte précipité est recueilli sur un filtre et le liquide est une dissolution d’azotite d’ammoniaque. La cristallisation de ce dernier ne peut être obtenue par la chaleur, car celle-ci décompose très-rapidement la matière. Il faut mettre le liquide sous le récipient de la machine pneumatique, en présence de matières très-hygroscopiques. Malgré ces précautions et quoiqu’on opère à zéro, les deux tiers environ du produit sont décomposés. Ce qui reste est de l’azotite d’ammoniaque pur cristallisé en aiguilles blanches. Ce corps se signale surtout par ses propriétés explosibles : à 74 degrés, il détone violemment. Il fait explosion également sous le choc du marteau, et cela avec tant d’énergie, que l’auteur le rapproche de la nitro-glycérine : c’est donc un corps dangereux, et les excuses que M. Berthelot a cru devoir faire de ne pas le placer sur le bureau de l’Académie ont généralement paru superflues.

Papier réactif de l’urée. — La chimie et la physiologie ont grand intérêt à pouvoir déceler l’urée dans les liquides organiques où elle existe. Mais le problème est très-difficile, à cause de la complexité ordinaire de ces liquides et de l’absence de réaction très-nette du corps recherché. M. Musculus, de la Faculté des sciences de Bordeaux, paraît avoir résolu la question d’une manière à la fois très-complète et très-élégante. Il est parti de ce fait très-connu que, sous l’influence du ferment contenu dans l’urine, l’urée se transforme en carbonate d’ammoniaque. Cela posé, il a filtré, sur du papier de curcuma, de l’urine contenant à l’état solide le ferment en question, et il a laissé le papier sécher. Celui-ci, coupé eu bandelettes, constitue un véritable réactif de l’urée ; car, plongé dans un liquide qui en contient, le ferment qui l’imprègne détermine la production de carbonate d’ammoniaque qui, à son tour, colore en rouge, comme on sait, le papier de