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LA NATURE

au coq de combat anglais, rouge, et vert ; seulement les plumes secondaires de leurs ailes sont marquées distinctement de bandes claires et foncées alternativement, et les plumes de la poitrine ont le bord et le centre plus clair.

Chez les jeunes poulets, dès qu’ils ont la grosseur d’une grive, on distingue très-aisément trois bandes foncées : une sur le centre de la fête et les autres descendant de chaque côté, à travers les yeux.

H. de la Blanchère.

CHRONIQUE

Éclipse d’un satellite de Jupiter. — Aujourd’hui même où parait notre numéro à 1 h. moins 20 du matin on pourra apercevoir une éclipse du quatrième satellite de Jupiter. Ce phénomène fera d’autant plus intéressant qu’après avoir vu disparaître le corps céleste à l’occident on le verra surgir à l’orient après une éclipse d’à peu près trois heures, temps égal à celui qu’il aura mis à traverser l’ombre. Tout se passera à l’occident de l’astre, puisque l’opposition de Jupiter n’a lieu que le 17 mars. On pourra, à 2 h. 40 observer l’immersion et l’émersion du troisième satellite qui aura lieu dans les mêmes circonstances et qui durera à peu près le même temps, quelques minutes de plus. La durée de ces temps différents dépend de la vitesse du corps céleste et du diamètre de la section de l’ombre qu’il traverse. Malheureusement le voisinage de la lune nuira à ces observations.

Curieuse empreinte de pieds humains sur un bloc erratique. — Deux chasseurs, écrit-on à la Nouvelle Gazette de Zurich, ont trouvé à une lieue d’Eschenbach, dans la montagne, un bloc erratique sous lequel sont empreintes plusieurs marques de pas humains parfaitement nettes. Ce bloc mesure près de deux mètres de longueur sur plus d’un mètre de largeur. Les empreintes sont assez profondes et paraissent provenir de pieds masculins et féminins, chaussés de mocassins semblables à ceux que portent encore les indiens de l’Amérique du Nord. » Le correspondant de la Nouvelle Gazette de Zurich ajoute que cette pierre a dû être évidemment primitivement plus tendre. Cela est certain. Mais peut-être en y regardant de plus près, trouvera-t-on que ces prétendus mocassins sont des empreintes laissées par des palmipèdes antédiluviens. »

Nous ferons observer à notre tour que bien souvent de légères cavités naturelles, imitant tant bien que mal des empreintes de pieds humains, sont dans les campagnes considérées comme telles, sans que mille preuve appuie semblable hypothèse. Dans les Pyrénées notamment il n’y a guère de localité où l’on ne vous montre sur quelque pierre des traces tout à fait légendaires de pas humains.

Nouvelle ascension du Jules-Favre. — M. Eugène Bunelle, depuis les ascensions dont nous avons rendu compte, a exécuté plusieurs voyages aériens à Varsovie. Il devait exécuter également une ascension à Odessa, mais la compagnie du gaz n’ayant point été à même de lui fournir une quantité suffisante, il l’a exécutée à Khorkoff, ville importante de la Russie méridionale, située à peu près a égale distance entre Moscou et Odessa, et station du chemin de fer qui relie les deux villes. L’ascension a eu lieu le 2 novembre à 3 h. 1/2 du soir ; elle s’est prolongée jusqu’à minuit. M. Bunelle avait quatre passagers à son bord, dont une dame venue exprès de Saint-Pétersbourg. Quoique l’aérostat ait toujours dérivé dans la direction du N.-N.-E. , le vent était si faible qu’il n’a fait que 150 kilomètres en 8 h. 1/2, environ 22 kilomètres par heure. La vitesse de la couche aérienne allait en s’accélérant à mesure que l’on s’approchait de terre ; à 300 mètres, l’air faisait 34 kilomètres à l’heure ; à terre, le vent soufflait en tempête. M. Bunelle a été obligé de déchirer son ballon pour effectuer la descente.

Il se trouvait alors dans un steppe désert, commune de Grosnaia, district de Tyne, province de Kourik, à 90 kilomètres de la station de Nicholsky, sur le chemin de fer de Khorkoff à Voronèse. Dans la nuit du 3 au 4, le Jules-Favre arrivait à la station de Nicholsky, et quelques heures après, il faisait son entrée triomphale à Khorkoff.

L’aérostat n’a dépensé que 7 sacs de lest de 16 kilos à faire sa route ; sacs ont été jetés pour franchir une pluie qui est survenue au coucher du soleil. Les nuages étaient à 1 100 mètres. L’aérostat s’est élevé jusqu’à 2 700 mètres. La lune était dans son plein et très-haute. L’ombre du ballon se voyait très-nettetnent à la surface de la terre et a servi à déterminer la vitesse. Il faisait plus chaud en l’air qu’à terre.


ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 26 janvier 1874. — Présidence de M. Bertrand.

Élection de M. Paul Gervais. — L’Académie avait aujourd’hui à pourvoir à la place laissée vacante dans la section de zoologie par le décès de M. Coste. Quatre candidats étaient sur les rangs : en première ligne, M. Paul Gervais ; en seconde ligne M. Alphonse Milne Edwards ; en troisième, M. Camille Dareste, et enfin en quatrième, M. Beaudelot. Le nombre des votants étant de 58 ; 33 voix se sont portées sur M. Gervais, 24 sur M. A. Edwards et 1 sur M. Dareste. Il y a longtemps déjà que le savant professeur d’anatomie comparée du Muséum, l’ancien doyen de la Faculté des sciences de Montpellier, le savant qui, après avoir produit d’innombrables travaux sur toutes les branches de la zoologie, a donné cette preuve de son amour pour la science de troquer la Sorbonne contre le Jardin des Plantes malgré la différence des traitements, mais à cause de la différence des moyens d’étude ; il y a longtemps qu’un tel homme aurait du appartenir à l’Institut,

Élection manquée de correspondant. — Nous n’en avons pas fini encore avec les correspondants de la section d’astronomie. Il paraît que le programme de la séance d’aujourd’hui portait l’élection d’un nouveau correspondant. Mais, au moment d’ouvrir le scrutin, M. le président a annoncé que M. Serret ayant déclaré les opérations du dernier comité secret entachées d’irrégularité, demandait que les conditions fussent de nouveau discutées, et l’élection par conséquent renvoyée à huitaine. M. Le Verrier, présent aujourd’hui, appuie de la manière la plus véhémente cette proposition inattendue, et M. Liouville se joint à lui. Toutefois, la chose n’est pas du goût de tout le monde ; M. Fuzeau surtout fait remarquer que cette remise est très-défavorable à la candidature préférée en ce moment et voudrait que l’Académie se prononçât tout entière sur la question.

Sans entrer dans le fond du débat, dont les détails nous