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LA NATURE.


Terre-Neuve, 28 juin 1859 ; Indien, Nouvelle-Écosse, 21 novembre 1859 ; Hongrois, 29 février 1860, Nouvelle-Écosse, 205 victimes ; North-Briton, rade de Nanlucket, 5 novembre 1861 ; Norvégien, 14 juin 1863 en rade de Terre-Neuve ; Anglo-Saxon, au large de Cap-Race Terre-Neuve, 237 victimes ; Géorgie, Sable-lsland, Nouvelle-Écosse ; Bohémien, cap Élisabeth, 22 février 1864 ; Germania, côtede Terre-Neuve, août 1869 ; Cléopâtre, 7 août 1869, mêmes parages ; Darien, côte de la Nouvelle-Écosse, avril 1872 ; Atlantic, Maris-Rock, récif dépendant du banc de Terre-Neuve, 562 victimes, 1er  avril 1873 ; City of Washington, Nouvelle-Écosse, 7 juillet 1873 ; Missouri, sur le Bahama, 1er  octobre 1875.

Perdus en mer : Helena-Sloman, 1er  juillet 1843 ; New-York, juin 1856.



ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 2 février 1874. — Présidence de M. Bertrand.

Le métal à canon. — Nos lecteurs savent déjà que le métal proposé par M. Frémy comme particulièrement propre à la fabrication des canons est un intermédiaire entre le fer et l’acier trempant. Les proportions les plus convenables sont 1 partie d’acier pour 3 de fer, mais, comme le remarque l’auteur, on arrivera en les faisant varier, à produire tous les degrés de dureté que le service de l’artillerie pourrait demander ultérieurement aux métaux qui sont employés dans la confection des bouches à feu. Tour parvenir à cette conclusion, M. Frémy a dû faire parallèlement, en petit dans son laboratoire, et en grand dans plusieurs usines, un nombre incalculable d’expériences. Trouver les bonnes proportions était difficile ; mais bien plus difficile encore était d’assurer les moyens de reproduire à volonté un alliage déterminé. Rien en effet n’est moins défini que le fer commercial et l’acier ; c’est au point que souvent les mêmes ouvriers opérant dans les mêmes conditions générales et employant les mêmes minerais, obtiennent des résultats différents. Il a donc fallu au célèbre chimiste soumettre à un nouvel examen tout ce qui se rapporte à la fabrication et à la purification du fer et de l’acier. Grâce à la persévérance nécessaire dans de pareilles recherches, grâce surtout à cette méthode si sûre dont on retrouve la forte empreinte dans tous les travaux de M. Frémy, toutes les difficultés furent successivement vaincues, et qui voudra pourra maintenant fabriquer en quantité quelconque le véritable métal à canon. Toutefois le résultat que se proposait l’auteur n’est pas pour cela complètement atteint. Ce. n’est pas de la chimie abstraite que fait aujourd’hui M. Frémy : la science à avancer ne le préoccupe pas seule ; la patrie meurtrie à venger est le but suprême de ses efforts. Le chimiste se souvient du membre du comité de défense. Il faut donc passer de lu science pure à la pratiqua et pour cela, après avoir arraché à la nature son secret, il faut arracher au comité d’artillerie, son appui… il faut plus encore que cette quasi-impossibilité : il faut obtenir que le comité consente à faire appel aux lumières de l’industrie privée, « Si l’on veut suivre une autre méthode, dit M. Frémy, se priver de la haute expérience de nos principaux fabricants d’acier et entrer dans toutes les lenteurs des commissions qui discutent sur la forme des pièces, avant d’avoir assuré la fabrication d’un bon métal à canon, on compromettra cette transformation de l’artillerie qui est attendue depuis si longtemps. » Et pendant que, trois années après la cruelle leçon dont la France saigne toujours, nous en sommes encore à hésiter quant à la reforme de notre matériel, nos ennemis accumulent chaque jour les perfectionnements nouveaux. « Dans l’usine Krupp, dit encore M. Frémy, rien n’est livré au hasard ; des chimistes analysent constamment les matières premières et les produits fabriqués ; l’élément scientifique et industriel est intimement lié à l’élément militaire ; des officiers d’artillerie sont attachés à la fabrication et en suivent tous les détails ; des sommes considérables sont consacrées a des expériences nouvelles faîtes sur les différents alliages qui peuvent convenir à la fabrication des bouches à feu ; chaque métal essayé conserve en quelque sorte son dossier qui indique sa composition chimique, ses avantages et ses inconvénients. Tous ces faits sont connus en France depuis longtemps ; en a-t-on tiré quelque profit ? a-t-on cherché à imiter ce qui se fait chez nos ennemis ? Hélas ! non ! Selon toute probabilité, c’est le contraire qui va avoir lieu ; c’est-à-dire que nous verrons les Prussiens profiter des découvertes de notre compatriote, et les mettre en œuvre peut-être (qui sait ?) contre nous-mêmes !

Élection de correspondants. — Ce qui est différé n’est pas perdu. L’élection manquée lundi dernier, réussit complètement aujourd’hui à justifier ce proverbe. Il s’agit de nommer un correspondant, dans ta section d’astronomie, pour remplacer M. Airy, passé associé étranger. Les votants étant au nombre de 48, M. Tisseraut, le jeune directeur de l’observatoire de Toulouse, est élu par 25 voix, contre 23 données à M. Stéphan. Cela s’appelle une partie chaude, et le résultat ne peut pas être du goût de tout le monde. Au surplus, si vous voulez savoir l’opinion de M. Le Verrier, écoutez-le présenter un mémoire de M. Stéphan, relatif aux nébuleuses découvertes à l’observatoire de Marseille : « M. Stéphan, dit-il à peu près, est l’éminent directeur de l’observatoire de Marseille qui a conduit de la manière la plus brillante l’expédition de Malacca ; c’est à son retour qu’il a organisé l’observatoire qu’il dirige, où des découvertes très-considérables ont déjà été faites, et qui, le second de la France est un des principaux de l’Europe. » C’est une manière, comme on voit, de faire pénétrer le public dans le dernier comité secret. Nous en savons gré, pour notre part, à l’illustre astronome.

Annuaire du Bureau des longitudes. — Deuxième proverbe : Mieux vaut lard que jamais. C’est le 2 février que parait l'Annuaire du Bureau des longitudes pour 1874. Cela vaut-il mieux que jamais ! — Nous nous plaisons d’ailleurs à rendre justice au vénérable M. Mathieu qui, en présentant le petit volume, convient de la meilleure grâce du monde a qu’il y a eu un peu de retard dans la publication. »

Greffe animale. — M. Legros, qui vient de mourir victime, à la fleur de l’âge, de son dévouement à la science, et M. Magitot, sont auteurs d’un travail que M. Robin dépose sur le bureau de l’Académie. Il s’agit de suivre séparément le développement des diverses parties qui composent la dent. Pour cela les auteurs enlèvent sur un jeune animal, un chien par exemple, le follicule dentaire, et le greffent sur un autre animal de même espèce, mais dans une position plus commode pour l’étude ; sur le dos par exemple. Le développement continue comme si l’organe était resté en place et toutes ses phases peuvent être suivies. Bien plus, avant de le greffer on peut séparer ses diverses parties pour les transplanter séparément et étudier leurs produits spéciaux. Par exemple, le bulbe dentaire donna