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LA NATURE.

dans lesquelles est entré le Bureau météorologique de Londres apportera des lumières qui permettront des conclusions définitives.

Nous n’avons plus qu’à résumer ici quelques considérations sur les mouvements cycloniques, émises récemment par l’éminent directeur de ce Bureau, M. Robert Scott, dans une conférence faite sur les progrès de la prévision du temps à la Société royale. On connaît la direction du mouvement rotatoire des cyclones dans notre hémisphère. Un mouvement inverse, anticyclonique, a lieu quelquefois autour d’une culmination barométrique, et la tempête prend alors le nom « d’anticyclone. » La série de mauvais temps examinée plus haut présentait ce cas, le 6 février, à l’est de l’Angleterre, pendant qu’un accroissement de pression considérable avait lieu sur la mer. Le vent engendré soufflait du sud-est avec une telle force, que les travaux eu exécution au port de Wick furent bouleversés par la mer.

Les surfaces de haute pression occupent une étendue considérable, et on a constaté qu’elles ne sont pas en général sujettes à se déplacer beaucoup. Les dépressions paraissent tourner autour de ces surfaces et ne pas s’avancer sur les régions qu’elles occupent. L’étude des relations mutuelles de ces surfaces de haute et de basse pression a déjà conduit à des résultats intéressants. Ainsi M. Robert Scott indique, comme un des signes précurseurs pour l’Angleterre du danger d’une tempête du sud-ouest, une hausse très-prononcée du baromètre dans la région sud de la France.

Il y a aussi à étudier l’influence mutuelle des dépressions qui se suivent à peu de distance, les cas de séparation d’une tempête tournante en deux autres, et celui de l’absorption de tempêtes séparées en une seule. Mais ces études, comme la plupart de celles que nous venons de résumer, demandent, pour aboutir à des théories moins incomplètes et à des résultats pratiques, un plus grand nombre d’observations que celles réunies jusqu’à présent. On ne saurait donc trop engager les navigateurs assaillis par les ouragans et les stations météorologiques qui se trouvent sur leur passage à noter avec soin toutes les circonstances qui accompagnent ces prodigieux météores.

F. Zurcher

COUPE GÉOLOGIQUE
à travers les pyrénées.

Les Pyrénées, que l’on avait considérées jusqu’ici comme une chaîne de montagne anormale, au point de vue de la composition géologique, offrent un intérêt tellement grand, depuis qu’elles ont été si bien étudiées par les savants modernes, qu’il m’a paru opportun et utile de publier une coupe montrant la constitution intime de notre grand massif de montagnes du midi de la France, et de rectifier certaines erreurs géologiques, assez importantes, commises à son sujet.

Deux géologues avaient annoncé depuis plusieurs années, et l’un d’eux le professe encore dans son cours à Toulouse, que les terrains concourant à former les Pyrénées, ne présentaient pas de suite complète, et que plusieurs niveaux géologiques manquaient dans la série des couches redressées et disloquées de cette chaîne de montagnes. Les études entreprises depuis une douzaine d’années, surtout par MM. Collomb, Coquand, Frossard, Hébert, E. Lartet, H. Magnan, Ch. Martins, L. Martin, Noulet, etc., et moi-même, sont venu renverser les vues simplement théoriques des rares géologues auxquels j’ai fait allusion. C’est ainsi que les recherches des savants que je viens de nommer ont eu pour résultat de prouver :

1° Que les granites pyrénéens, loin d’être tous éruptifs, sont souvent très-bien stratifiés et alternent avec des calcaires, des schistes ardoisiers, des micaschistes, des gneiss, des amphibolites, etc. Cet ensemble forme un niveau de roches de dépôt, connu sous le nom de terrains cumbrien et laurentien, et occupe la base de toutes les autres formations. (F. Garrigou, H. Maguau, L. Martin *[1].)

2° Que les roches dioritiques et amphiboliques, appelées ophites, dans les Pyrénées, ne sont pas toujours des roches éruptives, ignées. Bien souvent, en effet, les passages insensibles de ces roches aux calcaires et aux schistes argileux environnants permettent de les considérer comme des productions spéciales, faisant corps avec les couches qui les supportent ou qui les recouvrent, ayant la même provenance physique et mécanique, mais s’étant produites dans des milieux aqueux de composition chimique différente. (F. Garrigou, H. Magnan, Virlet d’Aoust *.)

3° Que les principaux gîtes ferrifères des Pyrénées (Vic-de-Sos et Ferrières) appartiennent au terrain dévonien, de même que les grands gisements de marbres rouges et verts, et que le terrain laurentien contient également des mines de fer exploitables et exploitées. (Puy-Morens, F. Garrigou. *)

4° Que le calcaire carbonifère et le terrain houiller, de même que les terrains permiens et triasiques existent dans les Pyrénées (Nérée Boubée, Coquand, Frossard, Garrigou, Geuraud, H Magnan, L. Martin *.)

5° Que la série du terrain crétacé inférieur est complète et qu’elle s’arrête au terrain cénomanien, exclusivement. (Hébert, H. Magnan.)

6° Que des glaciers immenses ont laissé dans notre chaîne de montagne, et à diverses époques, des traces irrécusables de leur existence. (Collomb et Ch. Martins, F. Garrigou, Jeanbernat, H Magnan, de Nansouty *.)

7° Que la présence de l’homme dans les Pyrénées date de temps bien reculés, puisque la faune a eu le temps de se renouveler au moins deux fois, dans nos régions, depuis le moment où l’homme a habité les

  1. J’ai marqué d’un astérisque (*) les faits les plus nouveaux.