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LA NATURE.

composées de sable ou de grès glauconifères, ce dernier devenant quelquefois quartzeux et lustré. Ces puissantes agglomérations siliceuses reposent sur les argiles plastiques à lignites pyriteux et supportent à leur tour un calcaire marin presque entièrement formé de nummulites ou de lenticulites avec nérites, tous ces mollusques devenant accidentellement siliceux lorsque la roche est pénétrée par du sable qui s’est substitué à la chaux ; enfin des bancs puissants de calcaire marin grossier proprement dits, sur lesquels, avant le passage des eaux du grand cataclysme, devaient s’étendre des meulières ou des silex d’eau douce, dont on ne retrouve plus que des traces ; de grandes assises de calcaire marin, disons-nous, disloquées par la violence des eaux diluviennes ou de soulèvement, et dont les interstices sont remplis de limon rougeâtre et de cailloux roulés, parmi lesquels il y a beaucoup de quartz primitif (quartzite), terminent la série des divers étages occupés par le terrain tertiaire, dans ce que j’appellerai le bassin de Soissons[1].

Tronc de palmier fossile. (Endogenites echiatus.)

M. E. Robert a examiné avec soin les végétaux fossiles qui se rencontrent sur les pentes rapides de l’une de ces collines, appelée Calais, et qui s’avance vers l’ouest à la façon d’un cap ; il a surtout rencontré d’abondants débris de stipes de palmiers, appartenant à plusieurs espèces. Il n’est pas possible d’affirmer qu’ils sont contemporains de l’endogénite de Vailly, mais on peut être certain que de véritables palmiers partagent le gisement des arbres dicotylédonés, dont il n’avait jamais jusqu’ici été fait mention que dans les sables quartzeux glauconifères supérieurs à l’argile plastique. M. E. Robert a rencontré dans le même terrain d’autres traces végétales qui lui ont paru offrir un grand intérêt : il signale surtout de nombreux moules de tiges de plantes qui ont dû être herbacées et dont la surface corticale était couverte d’excroissances ou de tubercules très-rapprochés les uns des autres. Certaines plantes grasses, comme les cactées, ainsi que les fruits de quelques cucurbitacées, sont caractérisés de la même façon.

Ces nouvelles investigations géologiques nous ont paru dignes d’être signalées ; elles nous offrent l’occasion d’étudier spécialement l’endogenites echinatus; elles jettent en outre quelque lumière sur un gisement depuis longtemps connu par ses richesses et sur des échantillons géologiques qui excitent l’admiration de tous les amis de la science.

L. Lhéritier.

  1. Comptes rendus de l’Académie des sciences. Séance du 20 septembre 1873.