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LA “NATURE.


de feu, le plomb est mis en liberté et s’écoule à l’é— tat métallique‘.

Le plomb ainsi produit renferme de petites quan— tités d’argent que l’on sépare par deux opérations successives, l’affinage par cristallisation et la cou— pellation. Après avoir vu couler le métal des fours à réaction dans des lingotièrcs, nous passons dans une autre partie de l’usine, où il est fondu dans une série de bassines hémisphériques. ()n le laisse refroidir lentement, en le brassant constam- ment avec une grande spatule de fer. L’ne partie du métal se soliditie, sous forme d’un magma cristallin que l’on sépare ; cette partie solide, ne contient que des traces d’argent, aussi le métal qui reste dans le vase, en renferme-t—il des quantités de plus en plus considérables.

Le plomb ainsi enrichi en métal précieux, est sou— mis à la coupellation, c’est-à-dire chauffé au con- tact de l’air, dans une grande coupelle à paroi po- reuse. Le plomb, comme on le sait, s’oxyde dans cette opération, au contact de l’oxygène ; il s’écoule sous forme de litharge : l’argent qui n’est pas direc— tement oxydable, finit par rester seul dans la cou— pelle, allié tout au plus à de son poids de plomb.

L’oxyde de plomb qui s’est écoulé du fourneau à coupellation, est réduit par le charbon, et donne du plomb métallique.

Forge à la Basse-Indus. —Quoique le travail du fer soit une opération bien connue, il présente tou-


jours de l’attrait. Ces ouvriers vigoureux qui saisis— l

sent la loupe de fer incandescente, qui la font passer à travers le laminoir, où les bulles d’air que le métal contient se crèvent avec bruit, cette barre rouge qui va sans cesse en s’accroissant et que des mains ha- biles retournent avec une extraordinaire prestessc, offrent un tableau imposant et pittoresque.

La forge de la llasse—lndre présente un intérêt tout a fait particulier. 'l’out à l’heure à Indret, nous allons admirer les derniers perfectionnements de la science ; ici nous voyons avec étonnement fonc- tionner les :uieiens marteaux à bascule et à soulè— vement des vieux forgerons. Ce sont 1a de véritables bric-à—brac que nous croyions perdus. ll ne nous paraît pas inutile de les décrire, car il est probable qu’ils disparaîtront bientôt de la scène de l’industrie où ils ne jouent plus déjà qu’un bien faible rôle. Le marteau à soulèvement (fig. H) est formé d’une enclume E, d’un marteau l’, pesant 500 à 600 kilo- grammes, monté sur un manche de bois ou ; le mar- teau est sculevé par des cames cc, fixées sur un arbre de couche qui reçoit un mouvement (le rota- tion d’une roue hydraulique.

Le marteau lancé en l’air par la came qui le sou— lève en b. est arrêté par la pièce de bois Sil ; celle-ci

  • Les phénomènes de la réaction peuvent se représenter par

une équation très—simple : 505Pb0 + ‘ll’bO +2PbS = 5509 + äl’b.

W M M Sulfate Oxyde Sulfure Amie Plomb de plomb. dc plomb. dcplmnb. sutlurcnx. métal.


en raison de son élasticité, fait retomber violemment le marteau sur la pièce de fer placée sur l’enclume.

Le marteau à bascule (fig. l2) donne un plus grand nombre de coups que l’appareil précédent et. sa volée est moindre. ll est mis en mouvement à sa partie postérieure, par des cames montées sur un arbre Il, qui le soulèvent autour d’un axe de rota— tion 0.

L’établissement d’lndret. — ll ne nous est pas possible de décrire en quelques lignes, cette magni— tique usine, une des plus importantes de la France et à laquelle se rattache un intérêt tout à fait national. M. de Robert, directeur de l’établissement, suivi de .llll. Wnrtz, Balard, Levasseur, membres de l’Insti- tut, et de quelques autres notabilités scientifiques du Congrès, a ouvert la marche, pour faire parcourir aux exenrsionnistes les ateliers de construction des machines à vapeur de la marine de l’Ètat. Suivant l’expression de M. Wurtz, Indret n’est pas seulement un établissement industriel modèle ; c’est un monu— ment national. La fonte et l’acier, sont travaillés, ra- bottés, taillés, pour donner naissance à d’énormes machines de 200, 500, et même 2,000 chCVaux des- tinées aux vaisseaux de notre marine. Les machines à rabotter le métal, à le perforer, le marteau à pilon, la coulée d’une grande pièce de fonte, nous ont offert une série de spectacles remarquables.

Jadis, on savait à peine gratter la surface du fer ; actuellement on arrive ale rabotter comme du bois, à le percer connue du carton. Un voit à Indret des machines outils qni enlèvent, sur une plaque de fer, des copeaux de il mètres de longueur et de 4 centi— mètres d’épaisscnr. Le chariot mobile qui imprime le mouvement au burin ne pèse pas moins de 10,000 kilogrammes.

Ün passe en revue dans les ateliers multiples qui s’étendent sur une étendue considérable, un grand nombre de machines à perforer la tôle, d’appareils à essayer la résistance des métaux à la rupture, on cir- cule enfin dans la fonderie, dans la chamlronnerie, dans l’établissement des forges, d’une construction assez ancienne, et dont les engins nous devons le dire, ne sont plus au niveau des progrès de l’industrie moderne. Le Crcuzot et plusieurs établissements privés de Saint-Etienne, de llive de Gicr, les usines Krnpp en Allemagne, ainsi que celles que l’on peut visiter en Angleterre, opèrent chaque jour leurs tra- vaux sur des masses métalliques beaucoup plus con— sidérables qu’à Indret. Notre grand atelier national de l'île d’lndret, connue celui de Cher-bourg, a du reste recours à l’industrie privée, pour la confection des arbres de couche de l’hélice des grands navires et pour celle des forts blindages.

Les ateliers d’lndret, construisent actuellement les machines et les chaudières de plusieurs navires im- portants : le Duqueme (1,800 chevaux) le Colbcrt et le Trident, frégates cuirassées de 1,000 chevaux, le Duguay—Trouin, croiseur de 875 chevaux. Nous cite- rons encore d’autres constructions moins considé— rables, celles du Rigault de Genouilly, de I'Ëclai-