Page:La Nature, 1878, S2.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

262 LA NATURE. somme par descendre plus qu’il ne monte et décri¬ vant ainsi des oscillations pendant lesquels il tour¬ billonne sur lui-même. Le tourbillonnement est constant toutes les fois que les balanciers sont cou¬ pés inégalement : il est d’autant plus marqué que la différence de longueur est plus grande ; aussi, pour obtenir le maximum d’effet, faut-il opérer comme nous venons de le faire en coupant profon¬ dément un de ces organes et en enlevant seulement à l’autre le bouton. La Yolucelle est donc tombée et nous attendons qu’elle marche tranquillement à terre. Alors si l’on fait mine de la saisir, elle s’é¬ lance et exécute cette sorte de culbute que nous avons décrite en parlant de la section des balan¬ ciers. Mais ici la culbute offre un caractère spécial. L’insecte ne décrit plus sa courbe descendante dans le même plan ; à mesure qu’il progresse, il dévie à gaucho, c’est-à-dire dans le sens du balancier le plus court. Ce phénomène de tourbillonnement est si constant que, lorsqu’on coupe au hasard et sans précaution les balanciers d’un insecte, on est im¬ médiatement averti de leur différence de longueur par l’apparition du tourbillonnement dans le vol. Toutes les fois qu’on a recours dans des recher¬ ches physiologiques sur des animaux, à une mutila¬ tion quelconque, on doit examiner si cette mutila¬ tion n’introduit pas dans l’expérience un élément étranger. Or nous avons à nous préoccuper ici d’un trouble possible apporté dans l’organisme par l’o¬ pération que nous faisons subir à nos insectes. La question a de l’importance et elle a été soulevée par mon excellent ami, M. Panl Rcrt, qui s’e^tdemandé (Mémoires de la Société des sciences de Bordeaux, 1866), si les Diptères par les faits d’ablation de leurs balanciers ne se trouveraient pas placé dans des conditions de vol inaccoutumées. Ayant donc conservé des insectes privés de balan¬ ciers, il s’est assuré qu’au bout de plusieurs semai¬ nes, ceux-ci, d’ailleurs très-bien portants, étaient tout aussi inhabiles à s’enlever que le premier jour. La question est donc élucidée, ce n’est point par un changement dans leurs habitudes que l’ablation des balanciers agit sur les Diptères. Serait-ce par la mutilation même que nécessite cette ablation et y aurait-il dans cette opération une gravité que nous ne soupçonnons pas ? J’ai cru nécessaire de savoir à quoi m’en tenir sur ce point. J’ai donc pensé à immobiliser les balanciers sans les couper. Pour cela plusieurs procédés peuvent être employés. Je suis parvenu non sans persévérance à lier sur une Volucclle avec un cheveu le balancier droit, puis avec un autre le balancier gauche et réunissant les deux chefs, à les attacher ensemble sur le dos de l’animal. Cette expérience présente deux écueils. Le cheveu ne doit pas serrer assez lort la tige du balancier pour la briser ; il doit seulement former une bou¬ cle assez serrée pour que, sans comprimer la tige, le bouton n’y puisse passer. En second lieu les ba¬ lanciers s’arrachent avec une grande facilité ; il en résulte que, pour peu qu’on tire en serrant son nœud, on amène le balancier, et c’est à recommen¬ cer. Mais enfin, étant parvenu à mener à bien cette délicate opération, j’ai constaté que l’allure de la Yolucelle ainsi préparée avait subi exactement les mêmes modifications que si je lui avais coupé les deux balanciers à leur base. A cause de la difficulté que présente l’établisse¬ ment de ces ligatures j’ai varié mon expérience de la manière suivante. Avec une gouttelette de ces colles demi-solides qui sèchent rapidement à l’air, j’englue les deux balanciers d’une Volucelle et je les applique contre la base de l’abdomen en empê¬ chant les ailes, immobilisées par une pince plate, de venir toucher à cette colle. Au bout de deux minutes, au soleil, la colle est suffisamment sèche. L’insecte est lâché, il part et descend rapidement un vol irrégulier, en culbutant, absolument comme après la section des balanciers. Rendu à terre, il s’élève un peu, retombe, culbute de nouveau trois ou quatre fois de suite, se retrouvant la tète la pre¬ mière sur le plancher et restant sur le dos exacte¬ ment dans la même position qu’après l’excision. Ces expériences sont décisives ; elles démontrent que la mutilation produite par la section des balan¬ ciers n’entre pour rien dans les phénomènes obser¬ ves à la suite de cette opération. Dr JoUSSET DE B ELLES) ! E* — l.a suite prochainement. — MOIS MÉTÉOROLOGIQUE AUX ÉTATS-UNIS JUILLET 1878. La plupart des dépressions barométriques obser¬ vées pendant ce mois sont passées à des latitudes relativement élevées ; seules les bourrasques des premiers jours ont étendu leur action jusque vers le centre des États-Unis, et donné lieu à de nombreux orages accompagnés de grêle et de pluies torren¬ tielles, qui ont causé d’importantes inondations lo¬ cales. Le 2, dans l’espace de 2 heures, il tomba 127 millimètres d’eau à Louisville, surl’Ohio ; le 7, vers 4 heures, un violent orage venu de l’est éclata dans le Nebraska, versant au camp Sheridan une grêle énorme qui couvrit le sol pendant plusieurs heures ; les grêlons mesuraient de 15 à 20 centimè¬ tres de circonférence. Un changement complet sc manifeste à partir du 9, et jusqu’au 20 les rares dépressions signalées passent vers la Nouvelle-Bretagne. Ce qui carac¬ térise tout particulièrement cette période, c’est la généralité et la persistance de températures exces¬ sives sur tout le pays à l’est des Montagnes Ro¬ cheuses, notamment dans la région des Lacs et les contrées environnantes. Là, le thermomètre attei¬