Page:La Nature, 1878, S2.djvu/8

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actuel. Malgré cette extension de l’espace émergé, le climat paléocène ne paraît avoir eu rien d’extrême ni de trop continental. Une température élevée, favorable à la diffusion des palmiers et de beaucoup de plantes d’affinité tropicale, jusque dans le nord de la France et par delà le 50e degré latitude, s’y laisse reconnaître, et la chaleur de ce temps devait être égale et modérée par l’humidité, puisque, d’une part, les formes opulentes y sont plus fréquentes que dans la période suivante et que, d’autre part, certains types caractéristiques des zones tempérées, que nous perdons de vue dans l’éocène et le miocène inférieur pour les retrouver plus tard dans le pliocène, se montrent ici et témoignent de la prédominance d’un climat moyen. Nous citerons seulement, à l’appui de notre dernière assertion, le sassafras (sorte de Laurinée à feuilles caduques), le lierre, la vigne, répandus à Sézanne, et quelques chênes de la forêt de Gelinden dont la physionomie rappelle ceux de l’Asie Mineure, des montagnes de la Syrie ou du Japon.

Fig. 1. — Carte montrant la distribution relative des terres et des mers en Europe à l’époque oolithique.


Fig. 2. — Carte montrant la disposition approximative des terres et des mers en Europe à l’époque de la craie supérieure. (Étage cénomanien.)


Fig. 3. — Carte montrant la distribution approximative des terres et des mers en Europe à l’époque nummulitique.


Pour ce qui est de la température, elle devait être encore distribuée très-également du nord au sud de l’Europe, entre le 40e et le 60e degré latitude, c’est-à-dire sur un espace d’au moins vingt degrés. Nous possédons, en effet, grâce à la florule paléocène de St-Gely, près de Montpellier, un terme de comparaison des plus précieux entre la France méridionale et la Belgique, lors de l’époque paléocène. La roche de Saint-Gely est un calcaire concrétionné plus cristallin et plus compacte que celui de Sézanne ; mais elle a été visiblement formée dans des conditions presque semblables, et les plantes dont elle renferme les empreintes, malgré leur petit nombre, sont tellement analogues à celles de Sézanne qu’on est bien forcé de reconnaître que les deux localités devaient être soumises à des conditions sensiblement pareilles. On observe à Saint-Gely une Marchantiée (Marchanda sezannensis Sap.), une Fougère (Alsophila ? Rouvillei Sap.), un Palmier (Flabellaria gelyensis Sap. et, parmi les Dicotylédones, un Diospyros (D. raminervis S.), une Célastrinée (Celastrinites gelyensis), un Magnolia (M. meridionalis Sap.), enfin une Myrtacée (Myrlophyllum