Page:La Nature, 1879, S1.djvu/381

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toutefois, un sillon d’une certaine profondeur s’étend le long d’un de ses méridiens et du fond de ce sillon part un tentacule mobile que l’on a comparé au flagellum des Infusoires. Au pied de ce tentacule se trouve une fossette profonde à demi recouverte par une sorte de lèvre garnie de cils vibratiles et portant en outre à sa face inférieure deux flagellum (fig. 5, nos 1 et 6). La paroi du corps des Noctiluques est membraneuse et résistante ; elle constitue une vésicule à l’intérieur de laquelle se trouve un noyau d’où rayonne un réseau protoplasmique toujours en mouvement. On pourrait comparer ces êtres étranges à des Radiolaires dont tout le Protoplasma serait contenu à l’intérieur de la vésicule centrale. Les Noctiluques ont été étudiés avec soin par MM. de Quatrefages, Busch, Huxley, Webb, Brightwell. Dans ces derniers temps, Cienkowski et M. Charles Robin se sont occupés de leur reproduction : elle a lieu soit par simple division, soit par formation de zoospores en tout semblables à ceux des Radiolaires (fig. 5, nos 2 et 3). Chaque Noctiluque fournit, suivant le moment où s’arrête la segmentation de son contenu, 256 ou 512 Zoospores ; cette fécondité explique comment le nombre des individus est quelquefois assez considérable pour changer la coloration de la mer. Souvent deux Noctiluques s’accolent l’une à l’autre au moment de la production des Zoospores qui semble hâtée par cette sorte d’accouplement (fig. 5. nos 4 et 5) ; mais il reste encore beaucoup d’obscurité sur la véritable nature et le degré d’importance de ce rapprochement.

Fig. 5. — NOCTILUQUES. — 1. Notiluca miliaris. — 2 et 3. Spores flagellifères de la même. — 4 et 5. Phases diverses de la conjugaison des noctiluques. — 6. Portion de noctiluque montrant le sillon méridien et les flagellum qui sont à la base du tentacule.

Ces phénomènes de reproduction montrent que les Noctiluques sont des êtres beaucoup plus élevés que les Infusoires flagellifères proprement dits. Doit-on les considérer comme des animaux ? Évidemment elles ne présentent pas beaucoup plus que les Myxomycètes les caractères propres au règne animal : ce sont encore des Protistes, équivalents à une seule cellule, mais la cellule a pris ici une taille très considérable et s’est singulièrement éloignée de la forme typique qu’on lui trouve dans les organismes plus élevés.

Fig. 6. — GRÉGARINES. — 1. Hophorhynchus oligacanthus, A. Schneider — 2. Ctepsidrina blattarum, Schneider. — 3. Kyste de la même espèce émettant ses spores — 4, 5, 6, 7. Phases diverses du développement de la Gregarina gigantea, E. Van Beneden, du homard.

Si maintenant, résumant les faits que nous venons d’exposer, nous essayons de mettre nettement en lumière les rapports qui unissent les Protistes soit entre eux, soit aux végétaux et aux animaux proprement dits, nous pouvons tracer le tableau suivant de leur évolution :

Au plus bas degré de l’échelle, immédiatement au-dessus des Monères, se montrent des êtres protoplasmiques dont l’homogénéité n’est troublée que par la présence d’un noyau et d’un nucléole. Le Protoplasme est libre, sans membrane d’enveloppe et son contour peut prendre toutes les formes possibles. Tels sont les Amibes qui se reproduisent par une simple division en deux parties à laquelle prennent part le noyau et le nucléole, aussi bien que le Protoplasme.