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Page:La Normandie littéraire, année 15, tomes 7-8, numéros 1 à 11, 1900.djvu/11

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ancêtres de G. Sand aussi) eurent une fille, Marie-Aurore de Saxe, comtesse de Horn d’abord, devenue plus tard Mme Dupin de Francueil. Comme nous retrouverons chez G. Sand le côté factice, théâtral, faux où se devine la petite fille de la comédienne ! Quelle facilité chez elle au débraillé, quelle absence de tenue, quelles exagérations !

Mme Dupin de Francueil, la fille du héros de Fontenoy, la grand’mère et l’éducatrice de G. Sand, à la fois égalitaire et grande dame, irreligieuse, philosophe, artiste, était une châtelaine distinguée, « aux grands airs pleins d’aisance et de bonté protectrice. » De son mari, un ancien fermier général, le type du vieillard galant, enjoué et parfumé, elle eut un fils, Maurice Dupin.

Celui-ci, bon soldat, nommé lieutenant sur le champ de bataille de Marengo, était un jeune homme artiste et guerrier. Il pensait un peu à la manière d’Alfred de Vigny, et comme lui vénérait la grandeur et respectait la servitude du métier des armes, car ils ont senti vraiment l’âme de la Patrie, ceux qui ont vu et vécu l’épopée impériale. Maurice Dupin était d’un esprit mal pondéré, mais très sensible aux délicatesses de l’art. Il adorait sa mère, croyait la respecter infiniment, et cependant ne répugnait pas à lui écrire ses aventures galantes. Il fit connaissance, à Milan, d’une petite bourgeoise, presque d’une ouvrière de Paris, Sophie-Victoire-Antoinette Delaborde qu’il épousa. G. Sand, venue au monde juste à temps pour être enfant légitime (situation assez rare dans sa famille, jusqu’alors) n’était pas sans ressembler à sa mère, femme ardente, faible, jalouse, naïve, pleine de contrastes, enfant du peuple, enfant du vieux pavé de Paris.

Amantine-Lucile-Aurore Dupin naquit en 1804 ; très jeune, elle suivit à l’armée son père et sa mère qui accompagnaient Murat en Espagne ; elle y séjourna quelque temps, et revint en France, à Nohant, auprès de sa grand-mère qu’elle quitta peu désormais. De ses premières années d’enfance passées dans un intérieur souvent troublé, toujours triste, il lui resta quelque chose « d’accablé ». « Les circonstances, a-t-elle dit, lui avaient trop souvent fait oublier qu’elle était une enfant ».