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Page:La Normandie littéraire, année 15, tomes 7-8, numéros 1 à 11, 1900.djvu/93

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Quelle grâce rustique dans sa Claudie une des plus jolies figure de son théâtre ! Quelle poésie champêtre émane de ce tableau de la Gerbaude ! Quelle habileté dans la manière de faire parler les paysans et de leur prêter ces vieux mots de terroir si remplis de saveur ! G. Sand n’a pas, toujours été aussi bien inspirée au théâtre. Elle avait trop d’expansion pour un genre où la concision et la netteté sont nécessaires. « Elle a fait de patients efforts, écrit-elle, pour introduire la pensée du spectateur dans un monde plus pur et mieux inspiré que le triste et dur courant de la vie terre à terre. » Mais la patience et l’effort se devinent trop.

Heureuse dans son Mariage de Victorine, comédie charmante, digne d’enrichir l’œuvre de Sedaine, elle avait besoin le plus souvent de collaborations amies pour triompher sur la scène. Mais son bagage n’est-il pas assez lourd. Sa grande renommée littéraire n’aura pas à souffrir des succès relatifs et très contestables de son théâtre[1].


LE FLOT

Comme le flot pousse le flot
Sur le roc qui toujours demeure,
Le temps fugace où l'homme éclot
Le pousse jusqu'à ce qu'il meure,
Jusqu'à l'éternité qui clôt
Sa dernière heure.

Comme le flot renaît toujours,
L'humanité se renouvelle,
Faite de haines et d’amours,
A la fois vivante et mortelle ;
Seul maître et juge de son cours,
Dieu s'y révèle.

  1. Préface de Cosim, voir théâtre complet.