Aller au contenu

Page:La Nouvelle Revue, volume 102 (septembre-octobre 1896).djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
370
LA NOUVELLE REVUE.

Il y a des tapis, des collections de gravures, de grandes tables, toute sorte de jeux et d’amusements. Les salles sont ouvertes trois soirs par semaine pour les garçons et le samedi après-midi pour les filles. Tout cela est décoré avec ce luxe tranquille et soigné auxquels les pauvres sont sensibles, parce qu’ils sentent ainsi diminuer la distance morale qui triple si douloureusement l’écart matériel entre eux et les heureux de ce monde.

Tello maintenant se cherche des imitateurs ; il a jeté les bases d’une association à laquelle ont adhéré déjà plusieurs milliers d’enfants ; les membres s’engagent à consacrer une heure par semaine à un travail quelconque susceptible d’être utilisé pour le bien d’autrui. J’imagine qu’il y a du « déchet » dans les produits. Mais que de bonnes volontés mises en mouvement ! Que de bons instincts stimulés ! Comme c’est naïf et génial !

Et tout cela vient des États-Unis, de cette République calomniée que l’on prend pour une nation de trafiquants et de coureurs de dollars, sans songer que déjà elle a donné au monde un héros comme Washington et des soldats comme Lee et Sherman, sans s’aviser que sur son sol fécond de très grandes idées se développent qui bousculeront étrangement l’économie branlante du vieux monde…

Pierre de COUBERTIN.