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Page:La Nouvelle Revue - 1898 - tome 112.djvu/12

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LA POLITIQUE NATIONALE DE LA FRANCE LOINTAINE

Pour le présent et pour les futurs ministres de nos Affaires Etrangères. La politique, encore que tout le monde croie s’y connaître, est peut-être la plus difficile et la plus délicate de toutes les sciences d’application. Elle était jadis l’apanage de l’aristocratie de gou- vernement : elle est devenue, avec le régime du suffrage universel, la proie de chacun. Mais elle n’a rien perdu de ses aspérités, et elle est, malgré tout, restée le domaine fermé d’un certain nombre d’esprits qui s’y préparent de longue date, l’étudient jusqu’à fonds, et peuvent seulement alors en aborder les subtils et complexes problèmes.

Mais la grandeur, la dignité et la progressive expansion du pays sont aujourd’hui le souci du peuple tout entier, et sont commises à la garde jalouse de toute la nation. Il est donc impossible que tous ces problèmes, dont la discussion la rebute, ne l’intéressent pas puissamment dans leurs solutions et dans leurs conséquences. Il faut même que l’opinion publique, maîtresse souveraine, et par- fois souverainement écoutée, soit tenue au courant des ambitions ou des défaillances des politiques et des diplomates, afin que le bon sens populaire, juge toujours craint, puisse, en connaissance de cause, arrêter ses mandataires sur un chemin périlleux ou sans honneur.

C’est pourquoi je sens que les lecteurs de la Nouvelle Revue me pardonneront certainement de les traîner sur les escarpements et parmi les aridités de tels sentiers ; et que, peut-être même, ils me sauront gré de la fatigue que vont inspirer à leur esprit les considérations qui suivent, quand ils sauront que ces considérations tendent à détruire, sous la poussée d’une opinion éclairée,