pluſieurs Maiſons diſtinguées, où j’avois eu
le malheur de me trouver avec lui, il
avoit toujours été la fable des gens ſenſés
qui les fréquentoient. On lui avoit même
reproché mille fois devant moi, d’ignorer
juſqu’aux premiers élémens de ſa langue naturelle,
ce qui ne pouvoit ſe concilier avec
l’épitre que je venois de lire, & dont la
diction, quoique ſimple, m’en paroiſſoit
éloquente. Si je ſavois, à ne pouvoir en
douter, que des ſentiments de l’ame naît
ordinairement le langage du cœur, j’ignorois
encore moins qu’il n’étoit pas donné à
mon Amant prétendu, de penſer & de ſentir
d’une maniere auſſi délicate. Pour tout
dire, enfin, je fus bientôt inſtruite de l’étourderie
du Vicomte, & voici comment
je découvris le myſtere.
La véritable amitié ne doit avoir rien de caché pour les ames bien faites. J’étois intimement liée avec la fille d’un Avocat,