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LA NOUVELLE

Je ne puis ici définir quelle étoit cette eſpece de crainte dont je me trouvai ſaiſie pendant le reſte de la journée. Plus je m’étudiois à en démêler le principe, & moins je trouvois le moyen de le développer. Il ſembloit que je preſſentois le coup terrible dont j’étois ménacée. Admirés ce contraſte ; d’un côté, j’étois bien aiſe d’avoir écrit à Monſieur le Vicomte d’une maniere auſſi bruſque de l’autre, j’en étois fâchée, ſans pouvoir me rendre raiſon d’une telle conduite. Avant l’arrivée du meſſager, j’étois contente, rien ne me chagrinoit ; après ſon départ, je me trouvai toute autre.

Je me couchai l’imagination remplie de tous ces objets, qui portoient le trouble & la conſternation dans mon ame. C’étoit préciſément dans la ſaiſon où les nuits ſont les plus courtes. Perſonne n’ignore que le ſomeil eſt le beau me de la vie, & Je craignois avec raiſon de ne pouvoir m’y livrer.

Cependant