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Page:La Nouvelle revue, troisième série, tome 05, 1908.djvu/488

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LES HYMNES À LA NUIT

tège, et que les étoiles nous appellent d’une langue et d’une voix humaines !

Vers toi, Marie, mille cœurs déjà se soulèvent ! en cette vaine vie, c’est toi seule qu’ils ont réclamée ; ils espèrent guérir, et leur joie est pleine de pressentiments, viennes-tu, être sacré, à les serrer contre ta poitrine fidèle !

Et vers tels qui, ardemment, se sont consumés dans des tortures amères et, fuyant ce monde, vers toi seulement se sont tournés, vers eux qui, à nous secourables, nous sont apparus en maintes misère et peine, — nous venons, pour y rester éternellement.

Maintenant, auprès de nul tombeau, ne pleure plus de douleur celui-là qui aimant croit ; il n’est personne à qui ne soit enlevé le doux bien de l’Amour ; les fidèles enfants du Ciel veillent alors autour de son cœur ; pour adoucir son désir brûlant, la Nuit vient qui l’inspire.

Soyez consolés ! la Vie marche vers la Vie éternelle ; élargie par un feu intérieur notre pensée se transfigure. Le monde sidéral s’épandra en vin d’or de la Vie, nous le boirons et serons de lumineuses étoiles.

Nulle entrave ne s’opposera désormais à l’amour ! La vie entière ondule à l’infini comme une mer. Ce n’est plus qu’une unique nuit de délices, un poème éternel ! Et notre soleil à tous, c’est la face de Dieu même.

VI

Descendons dans le sein de la terre, quittons l’empire de la Lumière ! La fureur et les coups violents de la Douleur, voilà le signal du joyeux départ. Nous arriverons dans l’étroite barque rapidement au rivage du Ciel.

Que la Nuit éternelle soit louée, loué l’éternel Sommeil ! La chaleur du Jour nous a épuisés, harassés le long souci. Le goût du pays étranger nous a quittés, nous voulons retourner à la maison du Père.

Que pouvons-nous en ce monde, avec notre amour et notre fidélité ? L’Ancien est dédaigné, que nous importe le Nouveau ? Oh ! solitaire et profondément affligé demeure celui qui aime ardemment et pieusement l’Antiquité.

L’Antiquité, où, lumineuses, les pensées brûlaient avec de hautes flammes, où les hommes reconnaissaient encore la main