sale bourgeoisie cléricale, je tape sur la sale bourgeoisie sans Dieu… Ça doit vous consoler, papa !
Le timide M. Gannerault parut faire un immense effort :
— Non, dit-il ; non, mon ami… Je t’en prie !… Ne me demande pas cela… Ce ne serait pas loyal, pas honnête… Je ne puis prendre une telle responsabilité…
— Mon père, votre mauvaise volonté…
— Il n’y a pas de mauvaise volonté. Voyons : ou tu étais sincère autrefois, ou tu jouais la comédie. Dans le premier cas, tu dois m’expliquer les causes de ton évolution ; dans l’autre cas… Tiens, ne me force pas à te mépriser.
Maxime contenait mal sa colère.
— Nous ne nous comprendrons jamais.
— Je ne me ferai pas complice d’une mauvaise action.
— Vous me condamnerez à la misère…
— Travaille.
— Vous me barrez le chemin que vous pourriez m’ouvrir… Tant pis ! mais ne comptez pas sur ma reconnaissance filiale.
— Ah ! ta reconnaissance, ton respect ! Je sais ce qu’ils valent… C’est donc par intérêt que tu t’es rapproché de nous… Tu n’as pas de cœur !…
Maxime frappa sur la table :
— Savez-vous ce que vous faites ?… Savez-vous ce que je ferai, moi, si vous me poussez à bout ?
— Maxime ! supplia la mère…
— Oh ! tu es capable de tout ! cria M. Gannerault. Tu n’as jamais aimé personne ni servi que toi-même… Toi, socialiste, allons donc !… Socialiste chrétien, maintenant !… Canaille, oui, canaille !
— Pierre !
— Mon parrain !
Épouvantées, nous tendions nos mains tremblantes vers le vieillard. Maxime, debout, n’abaissait pas son regard sarcastique… Il répliqua :
— Donnez-moi donc votre malédiction pendant que vous y êtes…
— Misérable !
Mon parrain leva la main. Déjà Mme Gannerault s’était précipitée. Elle poussait son fils vers la porte en suppliant…
— Max, va-t’en !… Tu vas le tuer !… Va-t’en, je t’en supplie.