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Page:La Nouvelle revue française, année 26, tome 51, numéros 298 à 303, 1er juillet 1938.djvu/351

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et d’une indéniable grandeur dans leur simplicité. Mieux encore, la hantise et l’amour des pays primitifs et des gens simples de son enfance lui donnent la clef du royaume souterrain des mystères qui lient originellement l’homme à la terre et aux éléments. Avec un réalisme fantastique, il ressuscite les mythes primordiaux des vieux rites païens.

Par ailleurs, on a pu voir récemment, chez J. Corti, quelques dessins de Max Hunziker destinés à illustrer « Une Saison en Enfer ». La librairie Corti les exposait en compagnie de dessins d’André Masson pour « Les Illuminations » et de dessins de Salvador Dali pour « Les Chants de Maldoror ».

L’illustration plastique d’une œuvre littéraire et surtout d’un poème constitue un genre particulièrement dangereux et toujours assez arbitraire. Pierre d’achoppement : la platitude inhérente à tout symbolisme littéraire. En ce péril, quand les deux autres se confient à la surabondance de leur imagination lyrique et fantastique, Max Hunziker se laisse guider comme toujours par son étoile de salut : simplicité, honnêteté.

Un homme nu, les bras levés vers le ciel qu’il maudit, se dresse immense sur un paysage désertique : la grandeur de l’humaine stature seule debout sur la terre, entourée de l’horizon sans bornes, hante tous les dessins de Max Hunziker.

La grandeur, la simplicité de cette figure rappelle irrésistiblement ces gravures anciennes des grimoires d’alchimistes où la figure de l’Homme cosmique, de l’« Adam-Kadmon » symbolique, règne sur le monde, auréolée d’images astrales et de signes cabalistiques qui lui donnent puissance sur les quatre éléments.

Aussi bien l’une des tâches les plus hautes de la peinture, à travers les âges, n’est-elle pas de dénoncer les rapports intimes qui unissent l’homme à la terre, à l’eau, au ciel et au feu.

roger gilbert-lecomte


LES DIEUX DU STADE

La première partie du film que Leni Riefenstahl a consacré aux Jeux Olympiques est, depuis la prise du pouvoir par Hitler, la première réalisation du cinéma allemand qui ait une valeur artistique. D’ailleurs, l’importance des moyens mis en œuvre témoigne assez que la réalisation a voulu faire autre chose qu’un documentaire. Ce désir de dépasser le simple compte-rendu pour atteindre, non seulement à des buts de propagande, mais aussi au mérite de l’œuvre d’art, a engendré à la fois les qualités