Page:La Pentecôte du Malheur.djvu/31

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comprenant à peu près tout ce qui s’étend à l’ouest du Mississippi. On aurait pu croire que le sort de l’héritier du trône d’Autriche ne nous intéressait en aucune façon. En 1914, il fut tué, et l’Europe tomba en ruines, et sa chute a ébranlé le vaisseau de l’État américain de la proue à la poupe. Il y a peut-être, dans l’entrepont, des gens qui ne s’en doutent pas ; mais on ne peut s’attendre à ce que, dans une population de cent millions d’âmes, il ne se trouve pas des imbéciles.

Donc, depuis Palos, en 1492, jusqu’à Sarajevo, en 1914, l’Europe de plus en plus nous a attirés vers elle.

Certes oui, nous sommes tous embarqués sur le même navire. L’Europe n’a jamais oublié certaines paroles prononcées un jour ici : « Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ne disparaîtra pas de la terre. » Elle s’attendait à nous entendre les répéter sous une forme quelconque, lorsque les conventions de La Haye, qui portent notre signature, ont été traitées comme des chiffons de papier. Le malheur seul pourra peut-être nous apprendre ce que l’Europe est reconnaissante d’avoir réappris — qu’il est des choses pires que la guerre et que l’on peut acheter trop cher la paix ; mais que l’on ne saurait payer trop cher le bonheur inestimable d’avoir repris possession de son âme et d’en rester maître.