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Page:La Phalange, tome 3, 1846.djvu/65

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Ô maison de l’apôtre ! ô magnifique autel !
J’eus cette vision sous ton dôme immortel !
Et je vous ai cherché, dans cette ivresse immense,
Dans ces murs éclatants, sur ces fronts en démence,
Dans ces hymnes gonflés d’harmonie et d’amour,
Dans ces mille soleils d’un mystérieux jour ;
Et je vous ai cherché, vous, le calme et le sage,
Et n’ai point rencontré, Seigneur, votre visage !
Seulement, quand le songe eut fui de mon cerveau,
Quand l’autel s’affaissa sous le réel niveau,
Quand l’exaltation de l’aveugle matière
Dans ce tumulte vain s’écroula tout entière ;
Je vis à la lueur des cierges vacillants,
Qui de rouges reflets doraient ses pieds sanglants,

Courbant sa tête pâle, au triple rang d’épines,
Jésus tendre vers vous, Seigneur, ses mains divines !
Et le temple, frappé du comble aux fondements,
Palpiter tout à coup de sourds frissonnements…

Tu trembles sur ta base, ô monument superbe !
Le pied de l’homme un jour foulera tes sommets,
Et, du granit épars dans la poudre et dans l’herbe,
Nul prophétique accent ne sortira jamais !

Ô cité deux fois reine et deux fois moribonde,
De l’univers captif absorbante prison !
L’orage balaya ta cendre vagabonde
Du quadruple côté de l’immense horizon !

Et, s’il reste un débris de ta gloire éclipsée,
Comme un mort colossal sur le sol étendu,
Il ne dira jamais si ta lèvre glacée
Cria jadis vers Dieu, si Dieu t’a répondu !

Rien ! Il ne dira rien, si ce n’est la folie,
La douleur et la mort et le bruit d’un vain nom,
Si ce n’est que Dieu tue et que la terre oublie,
Et que l’écho du ciel incessamment dit : Non !