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IX


Le parc sommeille et songe. On dirait que les roses,
Que leur chaste parfum à cette heure exalté,
Que les massifs, les prés, les jets d’eau, toutes choses,
Ne sont qu’un rêve errant dans l’esprit de l’été.
Dansant au son du grêle orchestre d’une source
Les brumes lentement répandent dans leur course
Un mystère indulgent sur la réalité.

Mes yeux suivent les jeux d’une insensible brise ;
Des frissons rôdent sur le bois élyséen ;
Au songe, cette nuit semble s’être promise,
Cette nuit, pour que, moi, je ne sache plus bien
Si la terrestre vie est ma patrie unique ?
Rien ne me semble vrai qui ne soit chimérique :
Hier n’est plus qu’un songe et demain n’est plus rien.