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priviléges d’impression aux éditeurs des ouvrages de l’antiquité grecque et latine, et encourager ainsi des publications qui n’auraient pu se faire sous le régime de la libre concurrence ?

Le domaine public, ou plutôt ceux qui l’exploitent, ne sont donc pas les libraires par excellence. Nous donnerons ce nom aux éditeurs qui devinent et encouragent les hommes nés pour être écrivains ou artistes, qui n’hésitent pas à mettre leur intelligence, leur activité et leurs capitaux au service des grandes et dispendieuses publications dont l’utilité est indubitable, mais dont le succès est lent et incertain ; qui savent qu’à côté des publications courantes faites rapidement et à bas prix pour les besoins du jour, il existe une librairie savante, laborieuse, et résignée à tous les sacrifices pour bien faire.

Est-ce à dire que cette sorte de librairie ne puisse jamais se porter vers la reproduction des ouvrages tombés dans le domaine public ? Il faut faire ici une distinction importante.

On a fait honneur au domaine public de certaines publications illustrées qui ont jeté un grand éclat dans ces derniers temps. Mais n’est-il pas évident que, dans cette occasion, le texte livré au domaine public n’a été que l’occasion et le prétexte d’illustrations qui auraient pu se produire sans lui ? Est-ce que le public aurait accueilli moins favorablement les gravures de Dante et de Perrault, si elles avaient été simplement réunies en atlas, sans être accompagnées du texte ?

Et si l’Enfer de Dante et les Contes de Perrault avaient été des propriétés privées, croit-on que les propriétaires de ces textes auraient refusé de s’entendre avec M. Doré ou ses éditeurs, pour réunir