Page:La Psyché, Volumes 1 à 6, 1826.djvu/736

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Le poëte inspiré, qui, dans de vains transports,
Sur sa couche de feu, dans les nuits solitaires,
Se roule, et tend les bras aux visions légères
Qui passent, en riant de ses tristes efforts,
Tous meurent de ta soif, tous brûlent de ta flamme ;
Nul ne t’a pu saisir, idéale beauté !
Ou si ta vue en songe a satisfait leur âme,
À l’heure du réveil, que leur est-il resté ?
Quelques pâles rayons, quelques vagues images,
Pareils à ces débris d’un arc-en-ciel brillant,
Décolorés par les nuages,
Effacés par la pluie, emportés par le vent.

C’est à vous, morts fameux, à vous que j’en appelle !
Parlez-nous, dites-nous, du fond de vos tombeaux,
Si, par delà la sphère où vous porta votre aile,
Vos yeux n’embrassaient pas une sphère nouvelle,
Des lointains plus brillans, des horizons plus beaux ?
C’est en vain que le siècle, au siècle qui commence,
Lègue, avant de mourir, l’héritage des temps ;
L’homme verra toujours dans un espace immense