Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/103

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ment, prit un des pions d’ivoire, le mania, l’admira, puis, en le reposant, machinalement il le poussa en avant. Mais ô surprise, voici qu’un des pions noirs, de lui-même, se déplaça aussi. Stupéfait, Perceval se demande s’il a bien vu. Il avance un autre pion d’ivoire : aussitôt un autre pion noir s’avance. Alors, acceptant cette étrange partie, Perceval s’assit et se mit à jouer. À chacun de ses coups les pièces adverses ripostaient, de telle façon que trois fois de suite elles le matèrent. « Par Dieu, s’écria-t-il, voilà bien la plus sotte merveille que j’aie vue ! Échecs du diable, sois-je maudit si vous faites jamais plus pareil affront, à moi ni à personne ! » Il les ramassa dans le pan de son haubert et s’approcha de la fenêtre pour les jeter à l’eau profonde qui courait sous les murs.

« Hé ! là, chevalier ! La colère vous fait agir comme un vilain, vous qui voulez jeter à l’eau mes beaux échecs ! »

Il lève la tête, et, à la fenêtre d’une