Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/42

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traîtresse, où la magie aide le crime. Les compagnons du roi, malgré leur vaillance, ne peuvent soutenir une telle lutte. Les adversaires qu’ils abattent se relèvent, les châteaux qu’ils attaquent s’évanouissent en nuées : ce n’est partout que violence, déloyauté, sortilège. La terre elle-même, jadis si fertile, semble maudite : les champs ne rendent plus aux laboureurs leurs travaux, il n’y a plus de fruits aux arbres ni de poissons dans les eaux. C’est le mortel enchantement du Graal qui s’étend sur la Bretagne.

En un lieu dont nul ne connaît le chemin, et où l’on ne peut parvenir que par aventure, un château se dresse, environné de sombres forêts, rempli de prodiges séculaires : c’est Corbenic, le Château du Graal. D’étranges cérémonies s’y déroulent autour du Vase surnaturel, qui répand à son gré la vie et la mort, le bonheur et le malheur. Un vieux roi y languit, les deux hanches traversées d’une blessure mystérieuse qui le prive de mouvement : c’est le