Page:La Révolution française et l'abolition de l'esclavage, t1.djvu/48

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Il accourt : ſon audace a vaincu les haſards,
Et ſes palais flottans tonnent de toutes parts.
Vois fondre ſur tes bords ce conquérant avide :
Sa puiſſance eſt fon droit, l’intérêt eſt ſon guide.
Le fang coule déjà ſous le fer des bourreaux,
Tant d’Etats ſont changés en d’immenſes tombeaux.
L’Américain tremblant, en vain d’un pas agile
Au fond de ſes déſerts va chercher un aſîle ;
On le pourfuit : il tombe, & ſon fier aſſaſſin
Le traite de barbare en lui perçant le ſein ;
Tandis que ſous les dents[1] des meutes dévorantes,
Palpitent des Incas les entrailles fumantes ;
Au milieu des gibets il élève un autel,
Sur des monceaux de morts invoque l’Eternel,
Et veut rendre les Cieux complices de ſes crimes.
C’eft, la croix à la main, qu’il marque ſes victimes :
Le ſignal du ſalut eft celui de la mort,
Et la loi des Chrétiens eſt la loi du plus fort.

  1. Les Efpagnols jettoient aux chiens les entrailles de Indiens. Ils avoient inſtruit ces animaux à pourſuivre le Sauvages, & à les dévorer.