Page:La Révolution française et l'abolition de l'esclavage, t1.djvu/74

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teſquieu : mais cet Ecrivain célèbre, en traçant une idée générale ſur les Colonies, n’a pas entendu qu’il ne dût être fait aucune attention à l’eſpece particulière des Colonies à ſucre, ni aux révolutions que ſubirait le Nouveau Monde, ni enfin à l’impoſſibilité d’approviſionner excluſivement des hommes qui vivent à deux mille lieues de la Métropole, & qui ont en abondance dans leur voiſinage toutes les choſes dont on les laiſſe manquer. Il dit ailleurs, avec plus de juſteſſe, que les Inſulaires doivent tirer leur ſubſiſtance de l’Univers entier.

Les lois prohibitives étant ſi nuiſibles à nos colonies de l’Amérique, que l’unique reſſource était de les enfreindre ſans ceſſe, les Colons y ont réſiſté pour l’intérêt même de la Métropole, & les Adminiſtrateurs ont fermé les yeux ſur des introductions qui ne pouvaient jamais être ſtériles ; enfin les établiſſemens ſe ſeraient anéantis, ſi des ſecours puiſſans ne leur avaient été fournis par les étrangers dès leur naiſſance & dans les interruptions que les guerres apportaient à la tyrannie du Commerce national.

L’eſprit de faveur & d’exclufion eſt oppoſé à tout bon principe de Gouvernement, & quand