Page:La Révolution surréaliste, n05, 1925.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

POEMES AU HASARD Au hasard une épopée, mais bien finie maintenant. Tous les actes sont prisonniers D’esclaves à barbe d’ancêtre Et les paroles coutumières Ne valent que dans leur mémoire. A.u hasard tout ce qui brûle, tout ce qui ronge, Tout ce qui use, tout ce qui mord, tout ce qui tue. Mais ce qui brille tous les jours C’est l’accord de Vhomme et de l’or, C’est un regard lié à la terre. Au hasard, une délivrance. Au hasard l’étoile filante Et l’éternel ciel de ma tête S’ouvre plus large à son soleil, A l’éternité du hasard. NE PLUS PARTAGER Au soir de la folie, nu et clair, L’espace entre les clioses a la forme de mes paroles, La forme des paroles d’un inconnu, D’un vagabond qui dénoue la, ceinture de sa gorge Et qui prend les échos au lasso. Entre des arbres et des barrières, Entre des murs et des mâchoires, Entre ce. grand, oiseau tremblant Et la colline qui l’accable, L’espace a la forme de mes regards. Mes yeux sont, inutiles, Le règne de la poussière est fini, La chevelure de la route a mis son manteau rigide, Elle ne fuit plus, je ne bouge plus, Tous les ponts sont coupés, le ciel n’y passera plus, Je peux bien n’y plus voir. Le monde se détache de mon univers Et, tout au sommet des batailles, Quand la saison du sang se fane dans mon cerveau, Je distingue le jour de cette clarté d’homme Qui est la mienne, Je distingue le vertige de la liberté, La mort de l’ivresse, Le sommeil du rêve, O reflets sur moi-même ! o mes reflets sanglants ! Paul ELUARD. Robert DESNOS SE TUER Ce n’est pas la grandeur royale Qui s’en ira avec les fleuves Je suis envahi par cette pourpre loyale Du temps où toutes les nuits s’abreuvent L’espoir du plus grand est tordu Dans la flamme insouciante du rêve Ce sont les absences de couleurs mordues De couleuvres de lèvres mortelles du glaive Enlever à l’assaut cette certitude des champs Tout le bleu de l’herbe et ce ciel vermeil Les cryptogames dans la houille et les chants Dans les chambres bercées au delà du sommeil Plonger plus que la vie dans cette rivière Où brûlent les jours à venir à mourir de rire Scaphandrier noyé sur une civière Exact au rendez-vous où la mort se mire Marco RISTITCH.