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" CES ANIMAUX DE LA FAMILLE

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25 mais, auparavant, il se dresse sur ses pattes de derrière et, corne en l’air, il fait à ses frères et ennemis, un discours : DISCOURSDU RHINOCÉROS O ! vous qui êtes mes frères parce que j’ai des ennemis, songez, songez au sort du baobab qui se lamente dans la cuisine du roi parce qu’on veut l’accommoder en salade. Pauvre baobab! ô toi, orgueil de la rive droite du Rhin, toi qu’on avait apporlédans ce pays, si petit quetu tenais dans un dé à coudre et que les femmes en tevoyantdisaient: « O/i / qu’il est petit, qu’ il est charmant! Comme il ferait bon être couché sous Son ombre avec son amant ! » Et, sous la poussée énergique des lavandières qui, tous les lundis, venaient uriner à tes pieds, leur dos osseuxappuyé sur ton tronc,qui leur faisait l’effet d’un membre viril se, frôlant contre elles, tu étais devenu cette belle couvée dipléryx qui s’enfuit silencieusement àl’ap- prochedes chlamydosaurcs, lesquels,somme loulc, ne te voulaient aucun mal mais désiraient seulement te demander d’où tu tenais celtefourrure qui te fait ressembler à l’entrée d’une station de métropolitain, l’hiver, alors que la neige tombe comme un moineau qui ne sait pas encore se servir de ses ailes lesquelles ne sont, à la vérité, que deux gaufres qu’une fillette de quatre ans ramassera pour les offrir à sa poupée. Sa poupée !

Ah parlons-en de ce poisson-volant qui se 

nourrit de son vol, saccadécommeles paroles d’un fiévreux en proie au délire. O délire ! C’est grâce à toi qu’un condamné à mort, la veille de son exécution, sentant déjà glisser sur son cou le couperet de la guillotine, arracha ses cils el ses sourcils qu’il noua les uns aux autres et fil ensuite tourbillonner au-dessus de sa tête en guise defouet en criant : «Au feu!Aufeu! IA’S panthères sont brûlées ! n Les panthères n’étaient AVIS La folie est la prédominance de l’abstrait et du général sur le concret et la poésie. La folie n’est, qu’un rapport comme le raisonnable, !c réel. C’est une réalité, une, raison. Je trouve l’activité scientifique un peu folle, mais humainement dé- fendable. Mon affaire est la métaphysique. Et non pas la folie. Et non pas la raison. Je 11cme mets pas en scène. Mais la première personne du singulier exprime pour moi tout le concret de1 ’ h omme. Toute nié ta physique est àla première personne du singulier. Toute poésie aussi. Lit seconde personne, c’est encore la première. Aujourd’hui, iln’y aplus de rois, ce sont les savants qui disent

Nous

voulons. Braves gens. Ils croient toucher le pluriel : ils ne connaissent pas leur vipère. Louis ARAGON. pas brûlées mais un fakir leur avait promené une. barre de fer rougir au feu sur l’échiné el, de blanc qu’elles étaient, elles devinrent ce qu’elles sont : un serpent naja qui trône à la place d’un professeur de.chimie mort subitement, au moment de commencer son cours, pour avoir avalé, un porc-épic.que sa myopie lui avait fait confondre avec une amande. El le naja délient loulc la science des professeurs passés cl futurs, à telle enseigneque les élèves en sont émerveillés. Benjamin PI’.UKT. (A suivre.) LE PIÈGE Jean MM.