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CHRONIQUES

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commodités -quotidiennes. « C’est beau, et puis c’est bien conditionné. » L’hypothèque sur l’avenir est immédiatement monneyable. Désormais on s’entend sur le sens pécuniaire du mot moderne, et qu’on nous laisse la paix avec la peinture et son train, d’où l’utilité est absente.’ Bientôt, aujourd’hui même, on ne peindra plus que pour aller avec un ameublement. L’usage roi. Le style et la discipline refont par ce détour imprévu une entrée de music-hall qui ne me porte pas à sourire. Le Grand Art, Dada vous avait donné à penser là-dessus. Mais la Décoration ! Eh bien moi, je préfère après tout le Grand Art. Que l’homme se limite ; qu’il prenne à son aise ses airs de roseau pensant, ses airs penchés de roseau pensant ; qu’il préfère, les yeux baissés, s’adonner à des guéridons à regarder le ciel et apprivoiser les étoiles : c’est toujours le positivisme qui triomphe avec l’appui officiel et les coups de chapeau du ministre. Il paraît qu’on ne pourra faire disparaître les bâtisses de l’exposition qu’avec de la dynamite. Qu’on en garde un peu pour la statue d’Auguste Comte, place de la Sorbonne. Il nous faut faire maison nette d’un esprit domestique qui s’est répandu depuis cinquante années dans les villes et les coeurs. A l’office, je vous prie, les décorateurs et les "savants timides. Nous n’avons pas assez de nos carrefours et de notre vie, nous n’avons pas assez de tout l’univers pour le génie ambitieux, inutile et dévorateur. Louis ARAGON. Le Paradis perdu i ULYSSEPRÉCHACQ Loshommesnosontpastousentaches(lepéchéoriginel. Il est desprivilégiésqui possèdentuneâme innocenteet dessensvierges.TelsautrefoisfurentledouanierRousseau et J.-P. Rrisscl,tels sont,aujourd’hui,lespeintresMiro et DédéSunbeam,les poètescommeBenjaminPéret et UlyssePréchaeq,à ceux-làsontréservéesles visionsde riide.net la parfaitefélicitédu coeur,ils marchentjuillet nuit sur lesgazonsdu rêve,la puretéde leurâmetransformel’universà leurapproche.A côtédespeintreset des poètesmaudits,ils sont les peintreset les poètesbénis. Ils sontlesélusquandlesautressontlesinitiés.Leurnaissanceest un miracleet leurvie une perpétuelleillusion. Sont-ilsréelsseulement? Les plus terriblescatastrophes peuvents’abattresur eux, ellesne suscitentpasla pitié. Leurprésenceprovoque cetteformede l’extasevulgairement appelée« Rire aux Anges», mêmesi la maladieet le malheuront posésur eux leursmainsténébreuses.Souffrent-ils 7 En dépitde leursplainteslyriques,rienn’altère la joie perpétuelledo leur esprit.Au jour du jugement dernier,si j’oseme servird’unepareilleimage,ils seront témoinset non pas accusés.Rienen euxdu Prometliée. Byronni Rimbaudne sont leurscousins.Par delàles sièclesilsretrouventlepuridéaldesEvangileset descontes de fées.Lescirconstances de la vie se modifientautour d’euxen formede charmes.UlyssePréchaeq,facteurconvoyeurdans les Basses-Pyrénées, parlele langagedes fleurs.Quellesquesoientlespersécutions dela vie,il conservecet accentfabuleuxde sagessequi caractériseles poèmesde Sousle charmeOlympien. Aussibienest-ceun sage.Sa visionde l’universlui permetde lotit rapporter aux petits événementsde son existencemontagnarde. II luiparaît,et combiena-t -ilraison,quelepoiluinconnu ne pouvaits’exprimerautrementque lui, avoird’autres soucisquelessienscl parlà évoque,à son insupeut-être, le grandet terribleégoïsmede l’hommedevantla mort. C’estencoreelle,la mort,quilui inspirerace poèmesur sa mèrequ’ilsembleavoiraiméetoujoursavecla confiance de l’enfant(1). FIN DELABEUR Ellen’est plus,cettefemme,cettemèrecourageuse et douce.Durantsavieellefutaimableet obligeantepourtout le monde. Ellen’estpluscettefemme,celtemère,affableet compatissantequise faisaitun contentementà épandrelesEcrituresautourd’elle. Ellen’estpluscelleTemme, celtemèreauxidéesdroites, largeset inébranlables. Je merappelleil y a quelquelrenie. ans,unepersonneet pasdespluspetites,lui dit un jour: «Nonseulement,Madame,dansvotremodestie,vousêtes savante,maisil faudraitquetoutesles Tommesfussent républicaines commevous.» Ellen’estpluscettefemme,celtemèreserviable.Quede foisona eu recoursà sa diplomatiesansapprôl,sansfard et si naturellequesesobligéslouaient,sonintelligence et sonmerveilleux entregent. Ellen’estpluscelleTomme, cellemère,à l’espritinépuisable, au coeurd’or.Celtesagesse,pourlessiensel pourson entourage,ellela tenaitdesesdonsnaturels,ennobliepar la lectureassidueet quasi-quotidienne desEcritures,dont ellefaisaitsonalimentdejoie,de consolation, d’espérance et d’amour,talentsqu’ellese complaisaità répandreautour d’elle,à la grandesatisfactiondespersonnesquilesécoutaient. Ellen’estpluscollefemme,cellemèrechérie.Maintes lois,clicprodiguaitdesparolesd’encouragement là oùélail le découragement même.Ellenelaissaitpersonnedans le doute,maisdansunemeilleure délorinination verslebien; en cela, elleétait aidéeparla facilitéde.sesracuttésel par la puissanteet consolantenourriturebiblique,dont elle-partageaitlesbienfaitsd’unefaçonineffaçabledansle coeurdespersonnesaveclesquelles elleconversail, ei aucune ne s’est,plaintede ses donsde l’esprit,puisquechaque personney trouvaitune ascensionversle bien,dis-je, le mieuxdire et le mieuxfaire. Ellen’estpluscellefemme,celle-mèregracieuse. Savoix douceel pénétranteattiraittousles coeurssonattitude simple,correcteel avenante,élail partoutla bienvenue

sa parolepersuasiveamollissaitun coeurde pierre. Ellen’eslplus,collefemme,cellemèrenuregardsi doux, aux traitssi fins,au caractèretoujourségal;"el quandsur la terred’exil,tu dépêchasunmessager, celui-ci,étonnécl ravidesa connaissance biblique,dît, danssonexhortation écouléesilencieusement et attentivementparquelquespersonnesbénévolement venues,cellelinde phrase:« 11faudrait se tenir toujoursprésdu bien,c’est-à-direprésdu Seigneur.» Ellen’estplusceltefemme,celtemèremajestueuse. Sur sa couchefunèbre,ellea conservéla mêmesérénité; elle meurt,l’âmelou!inondéedejoir,ayantcesderniersmots sur les lèvres: « Dès le malin,Seigneur,monâmele recherche. •• (1)EXTRAIT D’UNI-: T.IÏTTUK DU12JANVII-:II l’.)25 « Je.suiseneffet*moncherpoète,ù {nulmoment età chaque instantun livreouvertetvivantdemabrochure SmisleCharme olympien(du nomde ma mèreOlijmpe).Maisnousallez medire,commentj’ai compose mabrochure^ je n’ensaistrop rien,si c’estDieuonlediablequimelesa inspirées(ouquime. Va inspirée)ou unepussintinéhémente ou l’imminence de macause(démêlés anec.monadministndion ou je nesuiscou- /jfl/>/c, eneffet,ni en /MI7,ni endroit),ou unfoyerérot/enc des plusintensesou un pièyc.