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peu, elle se prépara une chose comme celle de son amant, pensant bien qu’il habitait en terre. Cette chose, elle allait l’avaler au moment où sa fille se penchant près d’elle : —

« À présent, on peut te le dire : Maman, papa est mort ! »

À ces mots, la Française dégage de ses doigts l’horrible chose, et s’écrie en étreignant sa fille :

— Ah ! ma pauvre enfant, il faut bien que je te garde !

Quelques jours après, dans une promenade du soir ; la Fille gardait sa Mère, la Mère était folle ; — et la lune donnait, et la rosée tombait.

Paris
Xavier FORNERET.

J.-F.-Jules PAUTET, de l’Académie de Dijon, de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, fondateur de la Revue de la Côte-d’Or et de l’ancienne Bourgogne.

À M. FORNERET, homme de lettres.

Dijon, le 3 juillet 1836.
Monsieur,

Les personnes qui s’occupent du choix des articles à insérer dans la REVUE que je rédige, ont lu avec intérêt et plaisir votre nouvelle ; mais, tout en reconnaissant que le fond, en est attachant, les situations dramatiques, elles pensent que les hardiesses de style que vous pouvez y adopter comme littérateur isolé, acceptant seul la responsabilité d’un néologisme périlleux, n’en permettent pas l’insertion dans un recueil qui, en fait de langage, doit plutôt suivre le mouvement que le provoquer, lorsque tant de bons modèles n’ont point encore dépassé une certaine limite.

Agréez, Monsieur, l’assurance de la haute considération de votre tout dévoué serviteur.

Jules PAUTET.


J. VACHÉ

On le sait, ce qui touche à l’aventure de J. Vaché ne saurait d’aucune manière nous laisser insensibles.

Un chroniqueur du temps se plaît à écrire :

« Il y a des mots dont la fortune est singulière ; les uns, doux, nobles ou purs, deviennent grossiers, s’encanaillent, se salissent ; les autres montent du fond d’un puits d’ignominie vers une lumière encore douteuse, mais qui demain les fera resplendir : ainsi le sadisme en est au point où les gens simples lui accordent ingénument le sens bénin de perversité érotique. Des écrivains se sont parés volontiers de cette fleur de sang, à l’étourdie, sans avoir la curiosité d’aller la cueillir eux-mêmes à l’arbre original. Hier, quand il fallait nommer un sadique véritable, le mot a fait défaut et les médecins, en des discours authentiques, usèrent d’un euphémisme scientifique :



« V. est un immoral violent. »

V. est l’incarnation même du sadisme. Sans doute, il ne peut pas organiser de savants souterrains où le mâle en rut égorge lentement la fille ou le giton (Sade dit le bardache) dont les cris et l’agonie sont nécessaires à son plaisir : il est vagabond, sans sécurité, sans loisirs, mais il fait de son mieux : il entaille furtivement les chairs secrètes, il étrangle brusquement : mais à chaque crime deux actes s’accomplissent ; c’est la perfection du sadisme, au moins comme méthode.

Le vagabond est même plus tragique que l’aristocrate. Il opère dans les landes nues, derrière un rocher qui se dresse comme un échafaud ; à la lisière des bois, vers l’heure où les chiens hurlent ; le long des chemins déserts.

Son crime commis, il disparaissait, mais il disparaissait aussi sans cause ; il devait marcher ; il n’aurait pas pu rester en place.