Page:La Révolution surréaliste, n09-10, 1927.djvu/5

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LE PARADIS Max Ernst

HANDS OFF LOVE[1]


Ce qui peut être invoqué, ce qui a force dans le monde, ce qui est valable, avant tout défendu, aux dépens de tout, ce qui entraîne infailliblement contre un homme quel qu’il soit la conviction d’un juge, et songez un instant à ce que c’est qu’un juge, combien vous dépendez à chaque instant de votre vie d’un juge auquel soudain le moindre accident vous défère, bref ce qui met en échec toute chose, le génie par exemple, voilà ce qu’un récent procès met soudain dans une lumière éclatante. La qualité du défendeur et la nature des arguments qu’on lui oppose valent qu’on s’arrête à la plainte de Madame Charlie Chaplin, telle qu’on a pu la lire dans Le Grand Guignol. Il va sans dire que ce qui suit suppose le document authentique, et bien qu’il soit du droit de Charlie Chaplin de nier les faits allégués, les phrases rapportées, tiendra pour conformes à la vérité ces faits, ces phrases. Il s’agit de voir ce qu’on trouve à opposer à un tel homme, d’apprécier les moyens qu’on emploie pour le réduire. Ces moyens reflètent étrangement la moyenne opinion morale aux États-Unis en 1927, c’est-à-dire celle d’un des plus grands groupements humains, opinion qui tendra à se répandre et à prévaloir partout, dans la mesure où l’immense réservoir qui s’engorge de marchandises dans l’Amérique du Nord

  1. Contrairement à notre intention première, nous publions ci-dessous la version française du texte : « Hands off Love », paru en anglais dans la revue Transition, où les conditions de sa présentation n’ont pas été celles que nous avions envisagées.