Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/142

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quittés, et d’ailleurs nos caisses de chirurgie et de pharmacie s’étaient toutes ou perdues ou détériorées dans les accidents du voyage.

Nos blessés purent cependant recevoir encore tous les secours dont ils avaient besoin, grâce aux efforts d’ingénieuse humanité dont ils furent l’objet. Le commandant veillait toujours sur ce service, et nous avions eu le bonheur d’y conserver deux habiles praticiens, les docteurs Quintana et Gesteira. Ce dernier appartenait aux corps engagés dans le combat du 6 ; il y avait fait, sous les balles, ses preuves de dévouement et de sang-froid, en véritable disciple du grand Larrey.

Les cadavres paraguéens qui n’avaient point été entraînés avec le lasso par leurs compatriotes furent trouvés tous mutilés d’une manière hideuse. Le colonel fit aux Indiens de violents reproches au sujet de ces profanations, même avec menace de peine capitale, s’ils ne respectaient pas désormais les morts ; telles furent son indignation et la crainte qu’il inspira aux sauvages, que nous fûmes délivrés d’un pareil spectacle pour toute la fin de la campagne, quand lui-même il n’existait plus.