Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/146

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à la manœuvre avec la plus cordiale émulation. Nos soldats s’amusaient de cette lutte et s’animaient d’une ardeur nouvelle à chacun des coups qu’ils pouvaient attribuer à leur pointeur favori.

Nous allâmes ainsi toute la journée, cheminant à grand bruit, au milieu des acclamations des nôtres, des cris perçants et féroces de l’ennemi, des mugissements du bétail, des explosions de la poudre, du désordre des hommes et des choses, dans un chaos de fumée et de poussière. Le soleil déclinait quand nous aperçûmes distinctement le morne de Marguerite, le même que nous avions observé déjà d’un autre point, au fort de Bella Vista : signe de reconnaissance qui brilla cette fois à nos yeux comme un rayon d’espoir. Nous avions fait deux lieues et demie sous un feu continuel et harassant, quoique peu meurtrier.

Le bois du bord de l’Apa-Mi avait été marqué pour notre campement du soir ; nous y touchions, mais la batterie attelée des Paraguéens nous avait depuis longtemps dépassés par la gauche et se trouvait postée en tête de notre avant-garde ; les boulets enfilaient la rive