Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/148

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travail se fit rapidement ; le commandant, sous les yeux de qui il était exécuté, les en complimenta et fut le premier à passer. Tout le reste de la colonne suivit sans aucun obstacle, et vint camper sur la rive droite de l’Apa-Mi ; mais déjà des piquets de cavalerie paraguéenne, qui avaient traversé la rivière plus bas que nous, se tenaient en observation devant notre front.

La nuit était tombée, nuit profondément obscure. Nous étions tous épuisés de fatigue, les yeux éblouis et l’esprit frappé de tant d’impressions diverses dont les images finissaient par se confondre. Personne ne dressa une tente ni une baraque. Nous dormions par groupes formés presque au hasard, trois, quatre ou plus, serrés les uns contre les autres, couverts en commun par des capotes, des ponchos, des manteaux, de tout ce qui s’était rencontré, chacun le fusil, le revolver ou le sabre sous la main, le chapeau rabattu sur les yeux pour se protéger contre une rosée si abondante que tout en était inondé.