Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/180

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l’avance, pleines peut-être d’obstacles inattendus, au milieu de ces hautes tiges de la macéga qui empêchent de voir à la distance de quelques pas, qu’il faut couper sans cesse devant soi, et qui, lorsqu’elles sont sèches, ainsi qu’elles l’étaient alors, exigent un service pénible et dangereux. Néanmoins, toute considération de périls et de difficultés secondaires était sans valeur devant la nécessité : tous l’avaient compris, une seule voie de salut nous restait encore ouverte.

À une heure de l’après-midi, nous nous mîmes en marche, les officiers au centre de leurs bataillons. Le commandant, avec une partie de son état-major, se trouvait dans le carré du 20e. En y entrant, il avait dit de bonne humeur au capitaine Païva : « Je viens me mettre parmi vous ; nous ne nous défendrons pas moins bien que tous les autres. »

On avait à peine fait ainsi un quart de lieue, que le feu des Paraguéens commença du haut d’une éminence qui dominait le théâtre du combat de la matinée ; il prenait nos carrés à découvert, et nous obligea à une évolution en colonnes. Cette manœuvre, d’ailleurs, nous réus-