Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/198

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mais où la fumée fut beaucoup plus terrible : elle était en proportion de l’étendue immense de la plaine. Ce genre d’incendie a un caractère particulier, et dont ne saurait donner l’idée même une ville entière qui serait dévorée par le feu. Plus grande est la distance d’où elles viennent, poussées par le vent qui domine, et plus les flammes forment à tous les obstacles qu’elles rencontrent des contre-courants répandus dans toutes les directions, animés eux-mêmes d’une sorte de fureur impitoyable. Du combat qu’ils se livrent dans l’air, il sort des éclats déchirants, des ardeurs et des splendeurs qui aveuglent et brûlent la peau du visage.

L’un des taillis qui nous flanquaient était composé en grande partie de l’espèce de bambous nommés tabôcas, dont la tige est creuse entre les nœuds. Le feu y produisait des détonations semblables à celles du canon : nous commencions à croire que l’artillerie des Paraguéens rentrait en ligne ; mais le vieux Lopès ne fit qu’en rire : « On voit bien, dit-il, que vous êtes nouveaux dans le pays. »

Quelque temps après, le vent s’étant calmé, et l’atmosphère un peu refroidie, nous voulûmes